Quelle place pour les jeunes en situation de handicap dans le monde professionnel ?

Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes ! Si nous constatons chaque jour une évolution dans la prise en compte du handicap en entreprise, les chiffres soulevés par l’étude montrent qu’il reste du chemin à parcourir. L’emploi des jeunes en situation de handicap est un réel enjeu au cœur des débats sur l’insertion professionnelle, mais quelle est la situation actuelle ?

Dans le cadre de son étude, l’observatoire de la Fondation Malakoff Médéric Handicap a détaillé trois défis pour l’emploi des jeunes en situation de handicap :

- 1er défi : pour un accès aux dispositifs de droit commun, quel que soit les difficultés rencontrées

- 2ème défi : tous les jeunes en situation de handicap doivent être intégrés au monde du travail

- 3ème défi : exiger que tout se fasse avec les personnes concernées et leurs proches

Si ces 3 éléments peuvent sembler évidents, la réalité est bien plus complexe.

Les écoles françaises trop peu inclusives

Deux logiques scolaires sont aux antipodes l’une de l’autre :

- La performance scolaire : étant basée sur les résultats, elle fait barrage à la possibilité des jeunes handicapés à avoir une expérience scolaire digne de ce nom.

- La considération unique du handicap : vu sous cet angle là, les capacités, les compétences ne sont pas repérables puisque que seules les difficultés et la différence sont mises en avant.

Les jeunes en situation de handicap étant hors des cadres de l’Education nationale, ils ne trouvent donc pas de place dans les écoles ordinaires et se retrouvent, lorsque c’est possible, dans des établissements spécialisés. Cette mise à part, intervenant parfois dès le plus jeune âge, empêche une mixité entre enfants valides et en situation de handicap. Pourtant, c’est cette mixité qui permettrait de rendre l’inclusion entièrement naturelle. En effet, la sensibilisation à la différence serait alors un processus à part entière dans le développement de tous les enfants. Qui seront les adultes de demain.

Par exemple, le syndrome d’Asperger été présent dès ma naissance, pourtant comme il n’a jamais été diagnostiqué, j’ai appris tout au long de ma vie à surmonter ce handicap avec mes propres méthodologies. De plus, cela m’a permis de faire une scolarité classique (pas toujours évidente) jusqu’au niveau V de formation. Grâce à des stratégies d’imitation, j’ai réussi à m’inclure socialement et professionnellement. Vous ne croiserez donc pas deux personnes avec le même handicap qui se comportement pareil. Car tout est question de la volonté d’inclure dès le plus jeune âge afin de faciliter scolarité en milieu ordinaire pour avoir ensuite un parcours professionnel en milieu ordinaire plus facile et plus fluide. Tout handicapé cherchera à compenser son handicap. C’est souvent une simple question de survie pour être dans la norme sociale, mais aussi parfois une question pour dépasser son handicap. Pourtant, ce n’est pas à la personne en situation de handicap de s’adapter à la société, mais à la société de se transformer afin d’inclure les personnes en situation de handicap. Définir le handicap comme résultante d’une déficience liée à un individu et d’un environnement donné conduit à une inversion de la relation.

Parce qu'une personne ne se réduit pas à son handicap, il est plus que temps de combattre ces préjugés. Comment ? En remettant en question nos idées reçues.

12 pistes pour favoriser l’accès à l’emploi

Pour améliorer la situation, la Fondation Malakoff Médéric Handicap propose dans son étude 12 solutions-clés :

1. Sensibiliser tous les publics et changer l’image du handicap.

2. Utiliser toutes les possibilités de mise en situation professionnelle (alternance, stage, découverte des entreprises …) dès le début de la scolarité afin de déterminer son projet professionnel.

3. Systématiser la valorisation des acquis de l’expérience (VAE).

4. Tendre à un rapprochement de l’école vers l’entreprise et inversement.

5. Recruter différemment en passant notamment par la formation dans l’emploi.

6. Prôner le maintien dans l’emploi et les aménagements nécessaires pour le permettre.

7. Modifier la culture d’entreprise pour permettre un meilleur accueil des jeunes en situation de handicap.

8. Renforcer l’accompagnement tant en entreprise qu’à l’école afin d’éviter les écueils liés aux difficultés quotidiennes.

9. Faciliter l’accès à l’emploi par le développement de l’accessibilité des lieux et transports.

10. Coordonner les actions des acteurs de l’emploi en secteur public et médico-social.

11. Faciliter le suivi administratif pour les entreprises.

12. Permettre aux entreprises d’avoir des interlocuteurs externes sans coût supplémentaire (médico-social).

Des solutions qui fonctionnent ! Les entreprises qui mettent en place une réelle stratégie pour l’inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap, obtiennent de meilleurs résultats. J'irai même par rajouter une treizième solution :

13. Ecouter les personnes handicapées tout au long du parcours, favoriser les lieux de parole, y compris dans entreprises. Ne rien faire sans elles, premiers experts de leur situation de handicap.

Partir de ces constats pour construire notre projet

La loi Handicap de 2005 a entraîné une nette augmentation du nombre d’élèves en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire (+30 % entre 2005 et 2011), avec, en parallèle, une baisse des effectifs en établissements spécialisés. Mais une partie de ces jeunes sont trop souvent orientés par défaut, sans prendre en compte leur potentiel.

Aussi, nous souhaitons porter une attention particulière à la période couvrant la fin de l’adolescence et l’entrée dans l’âge adulte, pour laquelle se pose un enjeu spécifique. La question de l’insertion professionnelle des jeunes autistes scolarisés ou sortant du système scolaire se pose de manière cruciale et désarçonne les parents, entre un accompagnement et un soutien dédié durant la scolarité et le « vide » relatif rencontré lors de la recherche d’emploi et de l’insertion professionnelle. Nous pensons que l'un des moyens privilégiés pour accompagner le jeune dans l’élaboration de son projet professionnel est le stage ou la formation par la voie de l'alternance.

L’alternance et le stage jouent un rôle clé dans l’insertion professionnelle des jeunes en situation de handicap. Encore faut-il que les stages et l'alternance puissent être réalisés dans de bonnes conditions. Ces expériences en entreprises permettent de comprendre la pénibilité du travail, comme la fatigabilité, et de décider des aménagements à apporter.

Notre projet social en matière de l'emploi des personnes autistes dites «Asperger» vise donc à coordonner l'accompagnement de parcours d'orientation, de formation et d'insertion vers l'emploi en milieu ordinaire de travail de personnes autistes. Un projet en trois étapes afin de proposer un accompagnement personnalisé pour aider à une orientation professionnelle en fonction des intérêts spécifiques de la personne et veiller à son suivi d'insertion.

Pour l'instant, nous en sommes à la réalisation de son étude (diagnostic et faisabilité). Nous allons aussi à la rencontre d'acteurs de l'insertion professionnelle de personnes en situation de handicap pour mieux connaître leurs missions et pour leur présenter notre projet.

Nous ne manquerons pas de vous en dire plus sur ce projet et de vous tenir informer de sa mise en œuvre.

Contact : collectifentraide.autisme44@gmail.com