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Autisme et anxiété sociale



Beaucoup de personnes autistes, de part leurs hypersensibilités, sont des « anxieux sociaux ». L'anxiété sociale affecte si fortement certaines personnes qu'elles quittent à peine leur maison, d'autres sortent de chez elles mais communiquent peu, d'autres encore dissimulent si bien leurs angoisses que personne n'en a conscience. Ces dernières se forcent à affronter le monde et les situations redoutées, souvent au prix d'un grand stress intérieur. Elles présentent parfois si peu de « symptômes » que, de l'extérieur, elles paraissent se porter très bien.


L'anxiété sociale est définie comme une peur ou un évitement des situations nous exposant au risque d'être jugé par autrui. On peut élargir cette notion à d'autres peurs intervenant dans les interactions sociales (personnelles, familiales, professionnelles...). Elles sont engendrées par les souffrances qu'occasionnent parfois les relations humaines. Redouter le jugement, l'agression ou l'intimité n'a pas de conséquences identiques. Cependant, chacune de ces peurs conduit à éviter ou limiter les situations de contacts humains, que la plupart des gens désirent pourtant.


L'anxiété, d'où vient-elle ?

Il est parfois tentant de considérer les personnes autistes sans déficience intellectuelle (Aspies) comme des phobiques sociaux, lorsqu'ils choisissent de s'isoler, mais c'est une erreur d'appréciation qui ne reflète pas leur mode de fonctionnement. Une personne Aspie est hypersensible et a un besoin vital de se retrouver seule après une période d'interaction sociale. Nous vivons dans une société à majorité d'extravertis (ils seraient 75 %). Etre hypersensible n'est donc pas une position facile, car nous ne nous conformons pas au modèle dominant. Cette tendance à passer du temps seul, à fuir les réunions de masse et les fêtes bruyantes, est souvent jugée asociale, voire pathologique. Dans certains cas, c'est même la réprobation suscitée par notre tendance naturelle qui est à l'origine de notre anxiété.


Cette sensibilité serait due à notre système neuronal particulièrement sensible, réagissant plus fort aux stimuli, qu'ils proviennent de l'environnement extérieur ou du corps même. Elle se traduit, par exemple, par une acuité auditive ou visuelle plus forte, une réaction à la lumière, la pollution de l'air, la température, l'ambiance d'un groupe. Ces personnes sont aussi particulièrement sensibles au jugement d'autrui, perçu avec une grande acuité et très mal supporté. De ce fait, lorsqu'une interaction ne s'est pas bien déroulée, quelqu'un de sensible ressentira bien plus fort le malaise lié à cet échec relationnel et cette réaction se prolongera longtemps. Une personne moins sensible n'en fera pas beaucoup cas : elle tournera la page sans trop y repenser et consacrera son attention à d'autres choses.


Les formes d'hypersensibilité peuvent se répartir en deux familles : la sensibilité sensorielle et la sensibilité aux autres. Dans la plupart des cas, l'hypersensibilité s'exprime dans plusieurs domaines parmi ceux identifiés dans l'annexe 1, parfois dans toutes les catégories. Cela peut sembler lourd à vivre ! Pourtant, le tempérament ultrasensible présente aussi des avantages, puisqu'on est sensible également aux perceptions positives. Ainsi les hypersensibles jouissent plus que la moyenne du plaisir de la musique, de l'art, des émotions dans les relations humaines. Si les peines sont plus fortes, les joies, les plaisirs le sont aussi !

 

Nous avons apparemment une propension innée du système nerveux à être plus ou moins sensible ou excitable. Cette caractéristique ne détermine pas notre avenir, mais rend certaines évolutions personnelles beaucoup plus probables. Si tout va bien, si un enfant Aspie est bien accompagné et ne subit pas de traumatisme particulier, il aura plus de facilité à cohabiter avec son tempérament naturel et pourra même jouir des atouts qui y sont liés. Au contraire, s'il se heurte à des difficultés importantes, comme il est plus vulnérable, ses risques de souffrir de problèmes relationnels, ou de présenter une anxiété — voire une phobie sociale — sont plus grands. A partir de notre tempérament inné, les expériences que nous allons vivre vont nous « modeler ». Cette donnée de départ ne détermine pas ce que nous allons devenir, mais elle dessine un champ probable de notre personnalité future.


Les expériences vécues

Les ingrédients de l'anxiété sont les suivants : le tempérament, la qualité de la relation parent-enfant, l'influence de l'environnement et des circonstances de vie dans l'enfance, l'impact des expériences d'adulte, et enfin la façon dont, au présent, on entretient (ou pas) le problème. Les évènements de notre vie, ainsi que notre environnement, nous affectent en bien ou en mal.


Certaines personnes traversent dans leur vie des périodes plus ou moins longues qui les abîment. Une situation toxique, quand elle se prolonge, finit par éroder la confiance en soi. Le sentiment de la valeur personnelle baisse et la personne ose de moins en moins se montrer ou se confronter aux autres. Cela peut n'être que temporaire, mais l'état d'affaiblissement moral et psychologique peut se chroniciser lorsque la situation dévalorisante se pérennise. Le risque d'anxiété sociale n'intervient que lorsque les parents le refusent tel qu'il est, et/ou qu'il subit des expériences difficiles à l'école (ou dans un autre cadre extra-familial). Enfin, même un adulte peut être traumatisé par une situation suffisamment violente ou répétée, et devenir socialement anxieux.


Beaucoup de gestes ou d'attitudes quotidiens ne constituent pas à proprement parler une cause d'anxiété, mais contribuent à aggraver nos difficultés relationnelles. Imaginer des événements négatifs, oublier de se protéger, se cacher excessivement des autres, être trop exigeant vis-à-vis de soi-même, se juger et se croire jugé, accepter les diktats de la société neurotypique — tous ces mécanismes participent de notre malaise face aux autres. Sans un terrain favorable, ils ne suffiraient pas à créer un problème d'anxiété sociale, mais sur un terrain fragilisé, ils entretiennent et souvent majorent l'état de peur. Il est donc indispensable de « gommer » du mieux possible ces réflexes néfastes que nous avons intégrés, pour parvenir à desserrer l'étau de l'anxiété sociale sur nous. Il est donc temps d'aborder les solutions que vous pouvez mettre en oeuvre pour lutter contre vos peurs.


Mes conseils

Faire la paix avec son tempérament est une étape clé pour vivre mieux et atténuer son anxiété. S'accepter signifie non seulement tenir compte de ses points faibles pour les étayer, mais aussi reconnaître ses qualités, s'appuyer dessus et les mettre en valeur. Etre autiste ne signifie pas qu'on n'aime pas les gens. Simplement, le plaisir de ces contacts nécessite un équilibrage, avant et/ou après, par du temps tranquille, à méditer, écouter de la musique, tricoter ou travailler en solo. Le risque, en se conformant à sa nature, est de suivre uniquement son penchant, accentuant ainsi sa tendance naturelle à éviter les contacts. Aussi est-il nécessaire de veiller à conserver son équilibre : ne pas se contraindre à trop d'efforts, ni trop souvent ; malgré tout, s'obliger à suffisamment d'efforts pour combattre sa timidité. Cet équilibre varie selon les jours et les périodes : en phase de fort stress (excès de travail, maladie d'un proche, etc.) on aura davantage besoin de repos, on se ménagera dans la mesure du possible. En période calme, on s'encouragera davantage à forcer sa nature et on s'efforcera de voir plus de monde. Le but est donc bien de s'accepter et de repousser ses limites, certes ; mais il est préférable de choisir des activités et des contextes (métier, activités, hobbies, collègues, amis, etc.) relativement compatibles avec nos tendances innées. Par exemple, quelques heures avec un ami très volubile, nécessiteront ensuite probablement un sas de décompression, etc.


En gardant cet équilibre en tête, de manière à vous fabriquer un programme, vous pourrez procéder par petites étapes. Si vous tentez de vous obliger à tout changer, tout de suite, cela ne marchera pas ! De la même façon, pour apprivoiser des comportements nouveaux, il convient de progresser aussi doucement que le Petit Prince apprivoisant le Renard. Votre objectif : trouvez d'abord une petite nouveauté qui vous semble réalisable, vous y essayez (sans vous décourager si la première tentative est décevante), enfin, la reproduire jusqu'à ce qu'elle devienne à peu près confortable pour vous, avant d'envisager le pas suivant (Cf. annexe 2).


En résumé

Tenir compte de sa différence neuronale et de son tempérament est d'une importance primordiale. Nous ne pouvons pas devenir tous pareils, et c'est heureux. Bien que certains modèles nous soient proposés comme meilleurs (être grand, beau, fort, spontané, solide, affirmé...), un monde peuplé d'êtres tous identiques serait bien stérile. Les personnes très sensibles et les personnes neurodivergentes apportent à la tapisserie humaine leur couleur subtile et profonde, aussi précieuse que les autres.


Votre tâche principale, afin de vivre sans heurt entouré.e des autres, consiste à trouver le juste milieu entre rester à l'abri dans un confort trop endormi, et vous stresser excessivement en vous exposant à trop d'épreuves. Je vous conseille de limiter l'excès de stimulation et de stress, d'apprendre à apprécier son propre style. Quand vous vous trouvez fortement stimulé, il est indispensable d'intégrer que cela n'est pas forcément un signe de terreur. Très souvent, ce sentiment de panique n'est que le fruit d'une activation du système nerveux, laquelle s'apaisera après un temps de récupération tranquille. Accepter son tempérament, c'est finalement accepter d'être fabriqué sur un certain « modèle » et en tirer le meilleur parti possible pour vivre sans stress inutile.


Que vous ayez ou non un tempérament hypersensible, pour vous libérer des entraves de l'anxiété sociale, il est impératif de vous accepter tel que vous êtes. Rien ne peut réussir par le refus et la brutalité ou l'obligation forcée. Il y a beaucoup de choses à faire pour vivre harmonieusement avec une tendance sensible ou avec des traumatismes passés, pour développer de bonnes relations avec les autres. Interagir avec ses semblables peut être source de tant d'enrichissement, de plaisir psychique, physique, émotionnel, il serait vraiment dommage de s'en priver !


Annexes

Les formes d'hypersensibilité – Annexe 1

Votre programme personnel – Annexe 2


Outils

  • Faire des pauses sensori-motrices


Notre association auto-représentée, organise des cafés-rencontres et des ateliers d'entraide à Nantes. N'hésitez pas à consulter notre page Facebook pour connaitre les prochaines dates ! https://www.facebook.com/collectifentraide.autisme44/


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