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L'anxiété et les TSA

Dernière mise à jour : 27 juil. 2022



Les personnes ayant un trouble du spectre de l'autisme (TSA) présentent une prévalence plus importante de troubles anxieux que leurs pairs de la population générale. Les problèmes d'anxiété sont plus fréquemment diagnostiqués à partir de l'adolescence et chez ceux qui ont un niveau intellectuel élevé. Cela s'explique peut-être par le fait que l’anxiété est plus difficile à diagnostiquer chez les personnes ayant une déficience intellectuelle, qui peuvent avoir une expression verbale minime.

L’anxiété est présente chez 50 % des personnes autistes (Ung, Selles, Small et Storch, 2015). Certains chercheurs parlent même d'une prévalence de 84 %. Personnes autistes, l'anxiété est souvent engendrée par nos difficultés à comprendre et à nous adapter à l'environnement dans lequel nous vivons.

Lorsque l'anxiété s'ajoute au TSA

Si nous avons du mal à traiter l’information sensorielle au quotidien, nous sommes alors susceptibles de devenir stressés ou anxieux et pouvons même ressentir de la douleur physique en cas de stimuli extérieurs trop éprouvants. Une grande aide pour la surcharge au bruit est le port de boules quies ou de casque anti-bruit, les lunettes de soleil, ou photosensibles (même en intérieur) pour les lumières fortes ou la luminosité excessive. Il est important de savoir que tous les sens sont concernés que ce soit la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût ou le toucher, mais aussi le sens proprioceptif (sens du mouvement) et le sens vestibulaire (position du corps dans l’espace). En cas d’hypersensorialité, vous pourriez par exemple, avoir des difficultés ou des douleurs en présence de lumière trop vive, de bruits forts ou trop nombreux, ne pas aimer qu’on vous touche, vous enlace, avoir du mal avec les odeurs trop puissantes. Dans le cas de l’hyposensorialité, vous pourriez ne pas arriver à ressentir la douleur, le froid, la chaleur, la sensation de satiété ou encore la soif.

Nos particularités font aussi que nous recherchons une certaine routine dans notre quotidien. Nous avons souvent besoin de savoir ce que nous devons faire, ce qu’il va se passer. L’anxiété se manifeste donc aussi par une peur de ne pas faire la bonne chose au bon moment, sans se soucier de répondre aux attentes des autres pour leur plaire. L’anxiété se manifeste aussi dans les situations ambigües ; ayant l’impression de ne pas avoir agi correctement, nous n’arrivons toutefois pas à comprendre ce nous aurions pu faire d’incorrect.


Outils :

Pour acquérir une bonne connaissance de l'anxiété, je vous propose plusieurs outils :

- Inventaire de beck pour l’anxiété, une liste de symptômes courants dus à l’anxiété


Les manifestations de l'anxiété

Il vous faut d'abord bien distinguer l'angoisse de l'anxiété.L'angoisse est une émotion proche de la peur mais qui apparaît en absence de danger. La personne se sent angoissée mais ne sait pas pourquoi. L'anxiété est un trouble qui se manifeste par un profond sentiment d'insécurité. Contrairement à l'angoisse, l'anxiété est un état de tension physique ou psychique permanent. L'anxiété peut varier dans ses manifestations, d'une personne à une autre et d'une situation à l'autre. Pour vous aider à la reconnaître, les manifestations psychiques sont : fatigue, irritabilité, difficultés à se concentrer, ruminations, sentiment d’être incapable de contrôler la situation, isolement social, etc. ; les manifestations physiques sont : palpitations cardiaques, tension musculaire, sensation d’étouffement, tremblements, sueurs, bouffées de chaleur ou de froid, sensation de boule dans la gorge ou dans l’estomac, trouble du sommeil (insomnies), mains moites, vertiges, frissons, maux de tête ou de ventre, troubles digestifs (diarrhée ou constipation), envie constante d’uriner, etc.


Le cercle vicieux de l'anxiété est à prendre très au sérieux. Réagir négativement aux expériences internes (pensées, émotions, sensations), implique des pensées négatives (jugement des réponses émotionnelles comme extrêmes ou non désirables) ou des méta-émotions (la peur de la peur). La personne éprouve des difficultés à monitorer, accepter et interpréter ses émotions. La croyance que ces réactions négatives transitoires aux expériences internes sont permanentes et définissent une caractéristique stable de la personne, amène à l'évitement. L'évitement actif et/ou l'évitement automatique des expériences internes perçues comme négatives ou menaçantes incluent l'inquiétude au sujet du futur ou de sujets mineurs pour éviter des préoccupations plus importantes. La restriction comportementale (ex : passer du temps avec sa famille) se développe quand la personne évite déjà beaucoup ses expériences internes. Une conséquence de la restriction peut être la réduction de l'attention au moment présent, ce qui limite la conscience lors des moments importants et plaisants. En conséquence, cela augmente la détresse, ce qui déclenche plus d'expériences internes négatives, alimentant le cercle vicieux. Bien que ce cercle vicieux puisse commencer par une menace externe perçue, il peut également débuter par une expérience interne seule. Une fois le processus amorcé, les expériences internes jouent un rôle plus important dans son maintien. On peut donc arriver à une situation de cercle vicieux où l’anxiété et les sensations physiques se déclenchent l’une l’autre et donc s’entretiennent. Cela finit par développer un trouble anxieux généralisé (TAG) caractérisé par des inquiétudes excessives et incontrôlables qui perturbent le fonctionnement global de la personne. Heureusement, il est est possible de casser le cercle vicieux des ruminations mentales. Mais changer de dynamique installée depuis longtemps n’est pas simple !

Outils :

Avez-vous bénéficié d'un accompagnement particulier pour gérer vos troubles anxieux ?


Pourriez-vous transmettre à la communauté autistique un outil pour mieux réguler son anxiété ?

- Renverser le cercle vicieux de l’anxiété :


Les moyens pour s'en sortir

Le trouble anxieux généralisé (TAG), est un trouble anxieux fréquent nécessitant une prise en charge spécifique. Peu de médicaments se révèlent efficaces. Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) ont démontré leur efficacité auprès des personnes autistes, sans toutefois convenir à tous. Le travail du psychologue ou du psychiatre TCC va consister à désactiver ce conditionnement en habituant la personne à ces ressentis corporels. Concrètement, le psy TCC va l’exposer à ces ressentis physiques. Ainsi, le patient vérifie in vivo que ces sensations ne sont pas synonymes de catastrophe. Cette technique progressive permet de décorréler l’angoisse et les sensations physiques. Pour les plus jeunes ou pour ceux qui ont des limites intellectuelles, des stratégies éducatives seront les meilleures avenues : augmenter la communication, enseigner des techniques de relaxation et des activités à leur niveau, etc. Une large part de la solution viendra des adaptations que les psy TCC auront à effectuer autour de la personne autiste. Il faudra s'assurer que l'environnement est adéquat pour que la personne soit suffisamment détendue pour être disponible à l'apprentissage. Ces thérapeutes devront faire la plus grande part du chemin, car il est impossible de faire abstraction de la souffrance qu'engendre cette anxiété qui s'immisce dans la vie de la personne sans qu'elle ne l'y ait invitée.


Sans en arriver à développer un TAG, vous pouvez aussi identifier et remobiliser des ressources personnelles. Tout le monde a besoin de routine et d’activités quotidiennes pour garder l’équilibre, car ce sont elles qui structurent la vie. Réfléchissez à ce que vous devez faire chaque jour pour maintenir votre équilibre. Il peut s’agir de choses que vous faites déjà ou que vous souhaiteriez faire pour vous sentir mieux. Dans la plupart des cas, il s’agit de choses assez simples en gardant à l’esprit qu’elles doivent vous importer et vous faire du bien. Par ailleurs, vous gagnerez éventuellement à réfléchir à ce qu’il y a lieu d’éviter pour rester stable. Les hauts et les bas sont le lot de tous. Si vous apprenez à repérer quand les choses commencent à dérailler et comment retrouver l’équilibre, vous réduirez les risques que ces hauts et ces bas quotidiens ne se transforment en véritable crise.


Vous pouvez aussi apprendre les techniques corporelles inspirées de la relaxation et de l’auto-hypnose notamment. Dans un premier temps, il est important de rappeler quelques règles indispensables :

- Arrêt des excitants (café, tabac, alcool, et toute autre substance psychoactive),

- Pratique d'une activité physique régulière : 2h30 par semaine d'activité modérée (légère accélération du rythme cardiaque) en 2 ou 3 séances ou 75 minutes d'activité intense (grande accélération du rythme cardiaque),

- Régime alimentaire équilibré de type méditerranéen (riche en légumes, légumineuses, privilégiant l'huile d'olive pour l'assaisonnement, incluant deux portions de poisson par semaine et limitant les viandes, les aliments transformés et la junk food),

- Avoir une bonne hygiène de sommeil (par exemple : coucher et réveil à heures fixes, pas d'écran avant le coucher, ne pas rester au lit lorsque l'on est éveillé).


Des méthodes de relaxation peuvent être utilisées afin de vous aider à prendre de la distance avec les pensées automatiques et gérer l'anxiété. Ainsi, la sophrologie, la relaxation, la respiration abdominale, la cohérence cardiaque sont autant de clefs qui pourront vous aider dans la gestion de vos émotions. L'auto-hypnose peut aussi aider les femmes autistes à prendre du recul sur les masques sociaux qu'elles portent au quotidien.


Outils :

- Repérer des situations quotidiennes où l'anxiété est présente (situation, manifestations physiques et pensées parasites, l'intensité de l'émotion), en fonction de l'environnement

- Utiliser l'auto-disjonctage afin de se remettre d'une crise (c'est à dire, vivre la scène de l'extérieur, en se voyant comme en dehors de son corps, comme un personnage de fiction)

- Pratiquer la cohérence cardiaque : Maîtriser ses émotions et réussir à se relaxer

- Faire des pauses sensori-motrices :


Pour conclure

Le but est d'avoir pleinement conscience de qui l'on est pour aller plus loin, pour avancer d'une manière plus porteuse et qui nous corresponde. A chacun donc de s'approprier ce qui lui sied le mieux en piochant avec humilité dans les expériences des autres, en suivant sa voix intime, à l'aveugle et en trébuchant. C'est comme cela que l'on fait des progrès. Et puis, mieux se connaître, c'est gagner en confiance et estime de soi.


Et vous ?

Où et comment l’anxiété se manifeste dans votre corps ?

Qu’est ce que vous faites pour gérer votre anxiété ? Est-ce que ça fonctionne ?

Avez-vous bénéficié d'un accompagnement particulier pour gérer vos troubles anxieux ?

Pourriez-vous transmettre, à la communauté autistique, un outil pour mieux réguler son anxiété ?


Pour aller plus loin :

Vidéo de Kévin Finel, auto-hypnose et masques sociaux : https://youtu.be/ksB80XYiYzI

Séance d'auto-hypnose pour lâcher prise : https://youtu.be/PARIusxxotk

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