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Bientôt un Collectif d'entraide Autisme à Nantes

Dernière mise à jour : 3 mai 2022


Un collectif de personnes autistes dits "Asperger" est en cours de création à Nantes.

Le projet de création a été pensé par des adultes avec autisme pour des personnes autistes. Toutes les personnes de l'association sont porteuses d'un trouble autistique sans déficience intellectuelle. Parmi elles, certaines ont découvert qu'elles étaient concernées par ce handicap neuro-développemental à l'âge adulte.

Notre souhait : venir en aide à nos pairs en leur faisant profiter de notre expérience et en leur transmettant nos compétences en matière d'autonomie, de socialisation ou d'insertion professionnelle. Ses buts : favoriser la rencontre, l'entraide, le partage d'expérience entre pairs ; accompagner et soutenir les personnes dans leur projet personnel/professionnel ; favoriser les actions de sensibilisation à l'autisme.

Du projet de GEM Autisme à celui d'un Collectif d'entraide

Quelques mois auparavant, je pensais que le projet de GEM Autisme était une évidence afin de répondre aux nombreuses attentes des personnes autistes de l'agglomération nantaise. Mais, en plein lancement du projet, je me suis aperçue que les objectifs de ce GEM étaient davantage ceux de l'ARS qui oblige à avoir un gestionnaire bien identifié (Sésame Autisme) d'une part, et d'autre part ceux d'Autisme 44 ou de la Fondation 3A, les supposés parrains du GEM et aussi porteurs (auto-proclamés) dudit projet afin d'asseoir leur notoriété. Voir le post du 3/12/2019.

Car il ne faut pas se leurrer : les associations de parents ou le secteur médico-social souhaitent poursuivre le schéma dominant actuel. Et ainsi continuer à décider de nos besoins réels, supposés ou imaginaires ou encore raconter avec tristesse comment une personne autiste peut changer gravement la vie d'une famille. En somme, elles s'autoproclament expertes de nos vies et de nos ressentis. D'ailleurs, pour l’ensemble de la société, ces personnes sont habilitées à parler entre notre nom, à notre place. C'est tout et c'est comme ça. Mais ne serait-il pas temps de prendre conscience que les personnes autistes ne sont pas inférieures (message personnel) et qu'elles souhaitent être actrices de leur vie, mais pour se faire, qu'elles ont juste besoin de soutien et d'accompagnements ?

Tant mieux si leur GEM Autisme répond aux besoins de faire des rencontres, d'être rassuré.e en la présence d'un animateur salarié, de répondre aux envies de loisirs ou de compensation du handicap... Et c'est tout ce que vous pouvez y attendre ayant moi-même fréquentée un GEM. Un simple placebo sur un réel problème d'inclusion sociale. Comme le dit si bien Robert Lafore, Docteur en droit public et auteur de nombreux ouvrages dont "L'individu contre le collectif ; qu'arrive-t-il à nos institutions ?" : « C'est la lutte contre l'exclusion qui nous amène à l'inclusion ». Car, ces associations actuelles pour l'autisme ne répondent pas à nos besoins fondamentaux, encore moins à nos attentes en matière de défense des droits et de lutte contre les discriminations que nous subissons au quotidien.

La plupart d'entre elles ne sont pas gérées par des personnes autistes. Quand c'est le cas, leur expression est limitée et/ou contrôlée par autrui. Et prenez conscience que si j'ai été écartée du projet de GEM Autisme 44, c'est parce que mon autonomie et mes idées dérangeaient cet ordre établi depuis des décennies. Quand est-ce que les personnes non-autistes accorderont du crédit à notre parole et à notre façon de penser ? Les personnes autistes ont une façon d'appréhender le monde différente mais potentiellement riche d'enseignements pour les non-autistes. Nous avons tous à y gagner à travailler ensemble... mais d'égal à égal. L’important ce n’est pas de vivre comme les autres mais avec les autres et leurs différences.

Un collectif d'entraide, autonome et militant

I have a dream : briser cette hiérarchie sociale faisant de ces associations gérées par des non-autistes une «classe dominante» et de nous (personne autiste) une «classe minoritaire», pour enfin légitimer notre parole, notre égalité, notre droit de vivre comme tout à chacun. C'est d'une importance cruciale si l'on souhaite aller de pair avec une revendication égalitaire de nos droits.

Les résultats et à l'analyse pour l'ouverture d'un GEM Autisme sur Nantes, en juillet dernier, a montré qu'il y a beaucoup d'attente en Loire-Atlantique quant à l'ouverture d'un GEM Autisme. Si les attentes sont différentes d'une personne à l'autre, l'isolement est souvent un point commun. Aussi, les objectifs de ce groupe d'entraide s'inscrivent d'ors et déjà dans des dimensions sociales et seront construits en fonction des expériences des membres, de leurs difficultés et de leurs idées partagées avec les autres.

De plus, les adultes avec autisme, vivant l'autisme “de l'intérieur”, peuvent avoir une compréhension très fine des difficultés d'autres adultes autistes (voire plus fine qu'un professionnel ou un animateur qui n'est pas lui-même directement concerné). Ils sont ainsi particulièrement qualifiés pour aider leurs pairs à élaborer des stratégies efficaces pour surmonter leurs difficultés.

Nous, personnes autistes, nous sommes organisés en collectif autonome pour prendre conscience que l'on fait partie d'une classe sociale partageant le même vécu d'oppression, pour échanger entre pair lors de réunions, s'arroger des espaces de parole, se soutenir, s'informer et s'organiser collectivement pour faire valoir notre liberté d’expression, nos droits fondamentaux ainsi que notre vie autonome.

Nous, personnes autistes, nous souhaitons que le cas des femmes autistes fasse l'objet d'une attention particulière de la part des chercheurs, des praticiens et des pouvoirs publics pour qu'enfin l'autisme au féminin sorte de l'ombre.

Nous, personnes autistes, nous souhaitons désinstitualiser et faire accélérer la transformation de l'offre médico-sociale. Ce modèle paternaliste et cloisonnant ne tient plus au regard du Droit international et européen. La France persiste pourtant à présenter ce modèle comme nécessaire pour répondre aux besoins propres ou supposés des personnes autistes et handicapées. Par exemple, il nous faut développer la pair-aidance dans les pratiques sociales et médico-sociales.

Tout ceci est INDISPENSABLE pour espérer renverser l'ordre établi

Aussi, si vous partagez ces revendications (vous n'êtes pas obligé d'être un militant dans l'âme), que vous en avez marre que l'on vous prenne pour un.e c...., un.e citoyen.ne de seconde zone, et/ou, que vous avez un projet personnel ou collectif à mettre faire émerger : alors nous serons heureux de vous accueillir pour vous écouter et ravis de faire votre connaissance.

Co-fondatrice de ce collectif, qui bénéficie du soutien de l'association Clé-Autistes et de l'association PAARI (Personnes Autistes pour une Autodétermination Responsable et Innovante), je vous informerai de ces partenariats et du premier «café-rencontre» commun prévu à l'automne. Toutes deux sont des associations parisiennes, militantes et fondées par des personnes autistes. Elles souhaitent se déconcentrer en province avec la mise en place de référents locaux, notamment sur Nantes. Ce qui rejoint en tout point le projet associatif du Collectif d'entraide nantais. Partenaire, le collectif nantais resterait automne dans sa gestion mais serait soutenu dans ses besoins et conseillé par ces associations. Informations à suivre donc dans les prochaines semaines ...

Car, ne restons pas isolés, parlons entre-nous, faisons valoir notre différence, et associons nos compétences.

Notre association est en cours de création à Nantes. Cependant, la crise sanitaire actuelle ne nous permet pas de nous réunir en Assemblée générale constitutive. Un préalable au dépôt des statuts auprès du JOAFE et à celui de sa création auprès de la Préfecture. Si vous voulez vous engager à nos côtés pour fonder ce collectif, n'hésitez pas à nous contacter.

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