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"Troubles psy et image de soi : un cocktail d'opportunités"


Le regard des autres, la confiance en soi, l’apparence physique, la sexualité, le travail, les relations sociales sont souvent secoués lorsque le trouble psychique survient. Une bonne image de soi aide au rétablissement de la maladie psychique. Issus de toute la francophonie, 14 conférenciers (dont 5 experts concernés par la maladie psy) aux profils très divers tentent d'y répondre.


1- Influence de l'image de soi en milieu psychiatrique

L’image de soi n’est jamais simple. D'ailleurs, elle est souvent défaillante dans les troubles psychiques où le schéma corporel peut être perturbé, malmené. Et même si on a conscience, et parce que la société nous le rappelle sans arrêt, que le bien-être physique permet un mieux-être psychique, certains se disent que les jeux sont déjà faits, que leur rapport au corps et à leur image est trop compliqué, que leur perception a toujours été biaisée.

L'hôpital psychiatrique n'est pas le meilleur endroit pour trouver rapidement un état de santé mentale correcte, si vous êtes dans une détresse psychologique. Alors que les HP s'interrogent pour rendre l'environnement plus accueillant dans des locaux souvent vétustes, qu'en est-il des soignants qui influencent l'estime du patient en apportant souvent un jugement de valeur ? La stigmatisation est encore trop présente pour que le dialogue entre soignant et patient soit bienveillant, car le rétablissement ne peut se faire qu'avec les désirs du patient. Ne pas réduire le patient à sa maladie pour le rendre acteur de son soin et acteur de son projet de vie semble être le meilleur chemin à prendre. C’est important pour le soignant d’avoir un équilibre entre les encouragements et la conscience des difficultés qui doivent être surmontées (estime de soi, peur de l’échec, perte d’intérêt, fatigue…).

Il est important que l'équipe soignante n'empiète pas sur l'autonomie et les droits du patient. Mais qu'en est-il des personnes hospitalisées en institution ? Pendant ce webinaire, seul le cas des personnes âgées en institution a été brièvement abordé. Il faut croire que le sujet reste tabou, alors que j'avais au préalable demandé que celui-ci soit abordé. Car certains handicaps sont plus discriminants que d'autres : l'exemple de l'autisme notamment en milieu fermé. Nul ne peut construire une saine estime personnelle s'il vit dans une constante inattention de ses propres désirs, de ses besoins et cela est encore plus dur lorsque toute sa vie a été empreinte de cette négligence, sous couvert d'institutionnalisation. Lien vers l'enfermement psychiatrique :


Enfin, le soin est une rencontre. D'abord une rencontre avec soi, puis une rencontre entre soignant-soigné. Le patient est avant tout un être humain qui est encore trop souvent considéré comme « objet de soins ». Ce patient peut cependant devenir acteur de sa santé et participer aux choix le concernant si le soignant lui donne la parole, l’écoute, le comprend en laissant ainsi la place aux pensées, aux désirs, aux émotions.


2- De la stigmatisation à l'auto-stigmatisation

L'auto-stigmatisation se produit lorsque les personnes avec des troubles psy et leurs familles intériorisent les attitudes négatives de la société à leur égard, ce qui les amène à se blâmer et à avoir une faible estime de soi. Plus le niveau de stigmatisation est élevé et plus la détresse psychologique de la personne stigmatisée est élevée. Pour les personnes victimes de stigmatisation, le fait d’être stigmatisée peut avoir en outre des conséquences sur les soins : abandon des soins, difficultés d'accès aux soins. Lorsque le patient est lui-même interrogé, il rapporte un vécu de honte pour lui et pour sa famille. Le sentiment d'être blâmé, d'être rejeté par la société.

Pour chacun, la confiance en soi vient avec la gratification de ce que l'on réussit. Particulièrement, les personnes avec des troubles psy ont besoin (peut-être à se révéler à elle-même) de trouver de la valeur à leur existence. Faire changer le regard que ces personnes portent sur elles-mêmes en les valorisant sur leurs compétences, aptitudes et forces les aide à « se faire violence » pour passer à l'action et permet de se sortir de l'auto-stigmatisation. Une bonne estime de soi facilite l’engagement dans l’action, associée à une auto-évaluation plus fiable et plus précise, et permet une stabilité émotionnelle plus grande.


L'image de soi englobe non seulement l'aspect psychique mais aussi physique de la personne. Le suivi somatique dans la prise en charge de maladies physiques qui coexistent avec la maladie psychique est souvent défaillant pour les patients avec des troubles psy. Le risque dépend de plusieurs facteurs plus ou moins associés : le tabagisme, le régime alimentaire, l'obésité, le diabète, les effets indésirables des médicaments, le manque d'exercices physiques, ... Les soins somatiques en psychiatrie permettent de prendre en charge les pathologies organiques des patients hospitalisés. Comment introduire la démarche et le soin somatique dans le contexte du soin psychique ?


3- Les traitements pour reconquérir l'image de soi

Si le physique et le psychisme sont liés pour favoriser l'estime de soi, pourtant le bien-être physique des sujets atteints de troubles psy est souvent négligé. Pour faire face à cette situation, la première étape consiste à sensibiliser les professionnels de santé mentale, les généralistes, les patients et leurs familles à ce problème. Les autres étapes essentielles sont l'éducation et la formation des professionnels de santé mentale et des généralistes, et la mise en place d'une intégration appropriée entre les soins de santé mentale et de santé physique.

Les personnes soignées en psychiatrie devraient avoir le privilège de voir l’ensemble des éléments constituant leur santé, analysé et pris en compte, peut-être plus que dans toute autre discipline médicale. On ne peut considérer s’occuper correctement de la santé mentale d'une personne, tout en occultant ses comorbidités. On ne peut prétendre s’occuper de la santé physique d’une personne sans se préoccuper de sa santé mentale ou sociale. Il faut donc aborder la santé avec une approche globale intégrative. Le rétablissement est aussi accéléré par l'entourage lorsque celui-ci est à l'écoute et reste conciliant.

Inspirés des pratiques innovantes anglo-saxonnes, des ateliers s'ouvrent dans les hôpitaux psychiatriques européens pour proposer des dispositifs et des outils qui permettent de retrouver confiance en ses capacités. Ces ateliers ont comme but de soutenir le bien-être et le rétablissement des personnes en valorisant le développement de connaissances et compétences, le partage de savoirs théorique et expérientiel, l’utilisation du soutien entre pairs. Certains hôpitaux vont même plus loin en proposant d'explorer les compétences des patients à travers un panel d'ateliers divers : travaux manuels, art thérapie, thérapies psychocorporelles, ateliers d'expressions, entraide et groupes de parole. En fait, le plus compliqué est de trouver le bon outil avec lequel on « match » naturellement et de créer des alliances d'activités qui renforcent la reprise de confiance en soi et avec autrui.


Replay de cette webconférence : https://youtu.be/064vtpEncyY


Les plus de la conférence :

  1. Echelle pour évaluer son parcours de rétablissement : https://workingfirst.fr/

  2. Témoignage de Lara-Histel qui présente son Livre "La boite à outils de la relaxation" chez Dunod : https://livre.fnac.com/a14635260/Lara-Histel-Barontini-La-boite-a-outils-de-la-relaxation

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