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La pair-aidance, porteuse d'espoir

Dernière mise à jour : 3 mai 2022



Pour chacun d’entre nous, le rétablissement peut emprunter une très grande variété de parcours. Le rétablissement peut se traduit par de multiples défis, dont celui de se prendre en charge plutôt que d’être institutionnellement pris en charge. Tout au long de cette conférence, les échanges ont été nombreux avec les intervenants et des messages positifs et empreints de réalisme ont ponctué le débat.


La pair-aidance, c'est quoi ?

Le principe repose sur l'entraide entre personnes souffrant ou ayant souffert d'une même maladie somatique ou psychique. De nombreuses expériences ont été menées en Amérique du Nord, avec succès. Elles démontrent que la reconnaissance de l'expérience du rétablissement est une compétence. Le pair-aidant est un professionnel qui vit ou a vécu une période de souffrance psychique. Stabilisé, cet intervenant partage son vécu avec des pairs (même si ces personnes souffrent d'une autre pathologie ou handicap) et des professionnels. Il apporte conseil, écoute, un soutien dans les processus de rétablissement. Le pair-aidant anime des rencontres individuelles ou collectives.


Le fait que deux personnes, qui ont un vécu proche, soient amenées à échanger et à partager, et ce, en sachant qu’il n’y aura pas de préjugés, voire de stigmatisation, peut aider à libérer la parole et à développer des mécanismes de résilience. Et en aidant l’autre, en contribuant à son rétablissement, le pair-aidant stabilisé peut développer son estime de soi, car il est toujours gratifiant de se sentir utile. Du coup, on peut considérer que l’un et l’autre s’apportent des choses mutuellement, dans un échange de réciprocité. Cette réciprocité apporte à l'accompagné du pouvoir d’agir (empowerment). En incarnant la possibilité de la reconnaissance et du succès (emploi), les pairs-aidants aident aussi l'accompagné à surmonter l’auto-stigmatisation.


Comment s'organise-t-elle ?

Le partage du vécu, du parcours pathologique constituent donc les principes fondamentaux de la pair-aidance qui peut prendre plusieurs formes : participation à des groupes de parole au sein d’association d’usagers, rencontre dans des Groupes d’entraide mutuelle (GEM), ou encore l’intégration de pairs-aidants bénévoles ou professionnels dans les services de soins et de santé. Conçu comme un véritable outil au service de l’autonomie, la pair-aidance est en phase de déploiement dans des établissements médico-sociaux. Dans ces établissements subventionnés, les pairs-aidants sont recrutés et rémunérés pour travailler au sein d’équipes professionnelles de soignants.


Cependant, dans le milieu professionnel les conflits d'égos pèsent toujours sur la logique collective. Ces jeux de pouvoir additionnés aux changements de pratiques (plus centrées sur l’usager) impliquent que la pair-aidance soit accompagnée dans sa mise en place dans les structures de soin. Il est conseillé que l'équipe soit formée pendant 1 an avant d'accueillir un professionnel pair-aidant. Puis, la relation avec le pair-aidant doit être dynamique (fiche de poste à 6 mois et à 1 an) pour que l'équipe accepte l'intégration du pair-aidant ; soit environ 2 ans pour voir une réelle inclusion du pair-aidant.


Et le rétablissement dans tout cela ?

Un médecin peut guérir une maladie, traiter un symptôme, mais il n’y a que la personne elle-même qui puisse se rétablir et se maintenir en rétablissement. Si soigner ne peut se limiter à traiter la maladie, il importe de se demander quels sont les éléments, les repères qui peuvent conduire à construire un processus de soins, en tenant compte de la nature des soins d’entretien de la vie et des soins de réparation.


A ce titre, l’approche du «CARE» (prendre soin) peut opérer dans les pratiques professionnelles des réorientations significatives entre le champ du sanitaire et celui du social. Lorsqu’il y a prévalence du «CURE» (soigner) sur le «CARE», il y a anéantissement progressif de toutes les forces vives de la personne, de tout ce qui la fait ÊTRE, par épuisement des sources d’énergie vitale physique, affective, sociale… On peut contribuer à rétablir une situation, mais on ne peut rétablir une personne autre que soi-même.


Le rétablissement, c'est donc être en phase avec soi-même. Savoir ce que l'on veut et ce qui est bon pour soi et prendre le temps pour y parvenir. Car il est important de respecter le rythme de la personne accompagnée. Le cheminement de la personne prend aussi en compte la charge émotionnelle et sa capacité à réaliser ses projets.


Que l’on soit concerné et/ou soignant, le concept de rétablissement en santé mentale s’appuie sur 5 piliers. Tout au long du parcours de santé, ils servent de points de repères et sont interdépendants. Le système de soins et services de santé comportementale (ETP) peut cependant lui aussi se transformer en adoptant le rétablissement comme processus d’amélioration et de changement continu.


Le pair-aidant, ambassadeur du rétablissement ?

Lors d’activités de groupe (ou de soutien individuel), le pair-aidant accepte de se divulguer. Il le fait en solidarité avec les personnes qui souffrent comme lui de stigmatisation (socio-stigmatisation et auto-stigmatisation) et qui peuvent ne pas avoir l’occasion de s’exprimer librement sur ce plan. Le rétablissement est, en effet, un processus d’émancipation et d’affranchissement par rapport à l’identité sociale ou à l’étiquette auto-infligée de "malade mental". Le pair-aidant accompagne, soutient, oriente les personnes dans leur parcours de rétablissement, tout en partant de l'expérience positive comme négative de la personne accompagnée. Le pair-aidant est aussi porteur d'espoir vers un avenir meilleur qui se créer par la rencontre d'un pair en rétablissement.


Les soignants, les aidants, lorsqu'ils n'ont pas vécu dans leurs tripes une situation, un trauma, ils ne peuvent pas comprendre réellement la personne. Leurs savoirs théoriques n'est pas suffisant pour bien accompagner. De son côté, le pair-aidant doit faire un vrai travail sur lui-même, prendre de la distance thérapeutique et le recul nécessaire pour que l'identification (qui est un des fondements de la pair-aidance) n'entraine pas des projections déplacées.


Deux témoignages de pair-aidants

Ciel Collot-Lesprit et Bruno de Beaurepaire, membres de l'association PAGO, ont ensuite témoigné de leur parcours et de leurs implications diverses en tant que médiateurs pair-aidants et porteurs d'espoir.


  • Ciel s'est exprimée sur les circonstances et ses motivations pour devenir pair-aidante au sein du CRéSERC de Nantes. Ce centre intersectoriel dispense et coordonne des soins psychiatriques ambulatoires pour des personnes en situation de handicap psychique, dans le but de favoriser leur rétablissement et leur insertion dans la société.

  • Bruno, pair-aidant et fondateur de l'association Solidarité Anorexie Boulimie, aide les personnes concernées mais aussi les aidants et les familles à mieux entourer leur proche qui souffre de cette maladie. Cette association familiale est présente dans 24 départements français et notamment à St-Nazaire où elle anime des rencontres et des groupes de parole.

Ces témoignages remettent en question non seulement la posture éducative du soin, mais aussi font réfléchir sur la place que l'on accorde aux personnes souffrant de troubles psychiques et à leurs pouvoirs d’agir sur leur propre rétablissement.


Merci à PAGO, et au soutien de Ville de Nantes, pour cette conférence sur la pair-aidance et le rétablissement !

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