Troubles psy & traumatismes : une association évidente ?
Dernière mise à jour : 15 juil. 2021
Ce webinaire porte sur les liens entre les troubles mentaux et les traumas psychiques. Avec ses 15 intervenants, il était organisé par l’association des Journées de la Schizophrénie, en partenariat avec diverses associations et organismes francophones. Vous trouverez le replay via un lien en fin d'article.
Les symptômes qui s’associent au stress post-traumatique sont nombreux et peuvent être d’intensité variable d’une personne à l’autre, selon le vécu, le contexte familial, professionnel ou environnemental. Et ils peuvent apparaître quelques jours après le traumatisme ou après plusieurs mois. La prise en charge d'un traumatisme doit être la plus précoce possible afin d’en limiter les conséquences néfastes sur la santé physique et mentale et ainsi dépasser le sentiment d'impuissance pour reprendre du pouvoir sur soi, sur son corps, ses relations à soi-même et aux autres.
Quelles relations entre troubles psy et traumatisme ?
Il faut commencer par faire une distinction entre trauma et événement traumatique et, également, entre trauma et les autres formes de stress. Nous avons en effet tendance à confondre ces entités entre elles. Le trauma est une réalité subjective interne, d’ordre psychologique, tandis que l’événement traumatique s’opère dans une réalité externe et objective. Le trauma n’est pas un stress comme les autres, c’est une douleur unique, une souffrance considérable, une expérience humaine multiple et complexe.
On pourrait ainsi résumer qu'un traumatisme est un état psychologique qui peut amener une personne à développer un trauma par des syndromes d'ordre psychiatrique. Car le trauma arrive rarement seul. En comorbidité, nous retrouvons les états de panique, l’agoraphobie, les désordres obsessifs-compulsifs (TOC), la phobie sociale, la dépression et la dépendance à l’alcool ou aux drogues.
Même s'ils en gardent des cicatrices, les humains peuvent dépasser leurs traumatismes grâce à la résilience. Et puis, il y a l'amnésie traumatique qui peut faire qu'on peut ne pas se rendre compte de suite qu'on a un trauma. Le traumatisme ne provoque pas nécessairement des syndromes de trauma. Boris Cyrulnik, neuropsychiatre, estime qu’il existe trois facteurs qui empêchent la résilience : l'isolement car le soutien (ou le manque de soutien) a un effet déterminant, le non sens qui relève de l'impossibilité et/ou de l’incapacité à faire un récit de ce qui s’est passé, la honte qui empêche la personne elle-même de résilier. La réponse d'une personne à un traumatisme dépend d'un tas de facteurs extérieurs ou antérieurs, au-delà de la sensibilité individuelle par rapport un type de traumatisme.
Quels accompagnements, quelles préventions ?
Au-delà de l’intervention immédiate, il sera parfois nécessaire de recourir à un accompagnement psychologique. En fonction du type de traumatisme, de son intensité, de sa répétition, les accompagnements diffèrent. En effet, suite à l’exposition d’un ou plusieurs événements traumatiques, des syndromes spécifiques, voire même un état ou un trouble dissociatif peuvent apparaître.
La plupart des accompagnements comportent des techniques comportementales cognitives (TCC), de la technique des mouvements oculaires rapides (EMDR) ou de la pharmacologie. Les victimes présentant un lourd passé traumatique (traumatisme prolongé et/ou répétitif), nécessitent des thérapies longues et difficiles.
Les TCC ont une efficacité évidente lorsque les conduites d'évitement, caractéristiques l'état de stress post-traumatique (ESPT), sont prédominantes. L'EMDR serait très efficace dans les suites immédiates d'un traumatisme psychique, notamment lorsque domine un syndrome intrusif. Les thérapies familiales ont un intérêt évident lors des traumatismes familiaux pour tenter de restaurer ce qui pourrait l’être. Les traitements médicamenteux sont utiles, les antidépresseurs essentiellement.
Le professeur Philippe Nuss insiste sur le premier travail à faire avant toute thérapie, est « l'élucidation expérientielle » du trauma. Après il faudra élaborer avec le patient ce qui fait résistante dans le syndrome et sa caractéristique post-traumatique (répétition, évitement et surgissement), et ainsi augmenter le pouvoir de résilience du patient.
Comment après avoir vécu un traumatisme, arrive-t-on à se rétablir ?
Le rétablissement suite à un traumatisme, c'est prendre le chemin de la guérison. La personne peut guérir à partir du moment où elle accepte d’affronter son traumatisme. C’est seulement de cette façon que l’événement traumatique pourra devenir pour elle un souvenir qui ne génère plus de détresse psychologique, qui n’est plus perçu par le cerveau comme une menace. C’est un élément clé de la guérison et, en ce sens, les symptômes d’évitement seront la première cible du traitement.
Si la plupart des personnes vont guérir d'un traumatisme dans les quelques mois suivant l’événement, néanmoins environ 20 % vont développer une forme chronique du syndrome. Aujourd'hui, il est plus facile de comprendre et de traiter l'ESPT qu’auparavant, car il existe davantage d’outils pour le faire. Cependant, la médecine s'attaque essentiellement à traiter les symptômes mais peu à rechercher les causes, car cela demande trop de temps. Les thérapies cognitives sont un outil efficace pour vivre un peu mieux, mais elles ne sont pas suffisantes.
La personne traumatisée ne sera plus jamais comme avant. L’événement traumatisant s’intègre dans son histoire et devient un maillon important de son vécu et de ce qu’elle devient. Aussi, il est conseillé de rejoindre des groupes de parole en dehors du parcours de soins. Ainsi, la personne pourra développer une plus grande sensibilité à l’égard des gens vivant des difficultés similaires, réaliser la valeur de la vie, de la santé, de la famille. Cela nécessite un travail personnel approfondi qui respecte le rythme de chacun.
- Pour (re)voir la rediffusion de ce webinaire : https://youtu.be/P9HXbao8MxI
- Pour aller plus loin :
Trauma complexe et autisme :
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