top of page

Le TDAH et l'autisme


Le Trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité (TDA/H) est un trouble du neuro-développement qui se manifeste par des symptômes d'inattention, d'hyperactivité, ou d'impulsivité. Plus souvent associé aux enfants, il est peu diagnostiqué et mal accompagné chez les adultes. Il toucherait pourtant 2 millions d'adultes en France, à des degrés divers.


Pour obtenir un diagnostic de TDAH, la présence des trois symptômes n'est pas nécessaire. Le déficit attentionnel peut exister tout seul. Le TDAH est aussi considéré comme un trouble neuro-développemental et le terme de neurodiversité est également utilisé pour désigner ce fonctionnement cognitif particulier qui peut engendrer des difficultés d'apprentissage, un sentiment de sous-utilisation de son potentiel intellectuel, une fragilisation de l'estime de soi, une impression d'inefficacité dans les tâches fastidieuses, etc. Il s'agit d'un trouble très complexe dont l'un des éléments centraux reconnu est celui de la difficulté de mobilisation des fonctions exécutives.


Les fonctions exécutives et l'attention

L'attention est un terme générique qui recouvre en réalité différents types. Les difficultés attentionnelles peuvent résulter de divers mécanismes, dont une difficulté à sélectionner les informations les plus pertinentes, à se débarrasser des distracteurs externes ou internes, à maintenir longtemps sa concentration sur une tâche ou tout simplement à se souvenir de ce que l'on était en train de faire. Contrairement à ce que le terme TDAH suggère, il ne s'agit pas seulement d'un déficit, c'est-à-dire d'un manque d'attention, mais plus généralement d'un problème de régulation de l'attention. Dans le TDAH, l'attention a du mal à s'adapter au contexte. Les fonctions exécutives sont considérées comme le chef d'orchestre du cerveau, elles permettent de coordonner, d'anticiper et de planifier nos actions, nos pensées, nos comportements. Imaginez que votre chef d'orchestre décide de faire autre chose que ce qui lui est demandé. Vos activités quotidiennes seront perturbées par cette difficulté à anticiper et à planifier ce qui doit être fait.


Le chef d'orchestre n'est pas seulement impliqué dans l'attention, il l'est en permanence dans la vie quotidienne. Les personnes avec un TDAH ont des difficultés dans la prévision du temps, à considérer les conséquences futures de leurs actions, que cela soit dans la seconde ou dans les années (qu'est-ce qui va se passer si je ne rends pas ce rapport à temps ?, par exemple). Cette capacité de concevoir les conséquences futures de ses actions permet généralement d'ajuster son comportement. La prévision du temps est donc cruciale pour la prise de décision, la planification au long court et finalement le choix du comportement le plus approprié. De même, la mémoire dite « de travail » (mémoire à court terme) est requise, par exemple pour garder en même temps à l'esprit plusieurs informations relatives aux événements qui vont se dérouler. Vous l'aurez compris, les fonctions exécutives interviennent dans toutes les activités de la vie quotidienne et dans la gestion des relations sociales.


Les personnes avec un TDAH sont reconnues pour vivre régulièrement des difficultés dans leurs relations interpersonnelles. Elles peuvent se sentir exclues, rejetées, incomprises. Lors d'une conversation, si elles ne traitent qu'une partie des informations, elles peuvent répondre à une autre question que celle posée, avoir des difficultés à suivre ce qui est dit par les autres et donc à réagir de façon décalée et donner l'impression à leurs interlocuteurs de ne pas les écouter. En réalité, leur chef d'orchestre fait avec les informations sociales et le langage ce qu'il fait avec toute autre activité, il s'évade quand bon lui semble. Vous ajoutez à cela une tendance à l'impulsivité (j'interromps les autres parce que j'ai quelque chose à dire et si je ne le dis pas tout de suite je vais l'oublier), et de l'agitation (je me tortille en permanence, touche mes cheveux, regarde dans toutes les directions) et vous obtenez un parfait cocktail pour agacer votre interlocuteur.


Mais à la différence des personnes du spectre autistique, les personnes TDAH savent parfaitement utiliser les règles de la communication sociale. Pendant longtemps, certains spécialistes du TDAH ont d'ailleurs considéré que celui-ci provoquait un trouble de la communication sociale et la confusion était assez répandue rendant floue la frontière entre trouble du spectre autistique et TDAH. En réalité, les données actuelles précisent bien la différence entre les deux. Les personnes TDAH possèdent les compétences pour traiter les informations sociales, elles ne présentent pas de difficultés à réagir de façon adaptée à ce qui est classiquement attendu au niveau comportemental lorsqu'elles sont concentrées. Elles n'ont pas de déficit de réciprocité émotionnelle et les difficultés rencontrées sont directement imputables à leur inattention, à leur impulsivité, à leur agitation.

Mais les choses ne sont pas aussi simples. On peut avoir un TDAH et un trouble du spectre autistique. Cette coexistence des deux syndromes est d'ailleurs très fréquente, sachant qu'entre 30 et 60% selon les études des personnes du spectre autistique souffrent également d'un TDAH. Certains patients reçoivent d'ailleurs comme premier diagnostic celui de TDAH et, lorsqu'ils grandissent, le trouble de la communication sociale s'exprime plus franchement, ils reçoivent alors dans un second temps le diagnostic de trouble du spectre autistique (TSA).

Outils

- Tableau des fonctions neuropsychologiques altérées dans le TDAH et leurs conséquences

Tableau_fonctions_neuro-TDAH
.pdf
Download PDF • 873KB

- « À la recherche de l'attention », un podcast documentaire dans la vie de 4 personnes diagnostiquées à l'âge adulte

- TDA/H à l'âge adulte, un site grand public réalisé par une personne avec un TDAH

- « Où ai-je la tête : mieux vivre son TDA/H en tant qu'adulte », un guide pratique divisé en 25 chapitres sur tous les aspects de la vie d'adulte avec un TDA/H


Quand les deux troubles sont associés

Comme nous l'avons vu dans les précédents articles, les caractéristiques essentielles du TSA sont les difficultés d'interactions et de communications sociales, des comportements répétitifs (parfois perçus comme sans but) et un champ restreint d'intérêts et d'activités. Quand le trouble est associé à une déficience intellectuelle, le diagnostic est la plupart du temps aisé. C'est lorsque la personne n'a ni déficit intellectuel ni retard de langage que poser un diagnostic d'autisme devient compliqué. Il faudra alors rechercher des symptômes plus subtils comme une difficulté à entrer en contact avec les autres, à partager avec eux des émotions, des sentiments, des pensées, ou certaines difficultés interpersonnelles telles que savoir ce qu'il faut éviter de dire ou comment se tenir en société.

Il semblerait que plus de 50 % des enfants autistes correspondent aussi aux critères du TDAH et que jusqu’à 50 % des enfants ayant un TDAH ont des traits relatifs au TSA . On constate donc que ces deux troubles peuvent facilement être associés l’un à l’autre. On note notamment des traits communs d’inattention, d’impulsivité, d’hyperactivité, des difficultés sur le plan des fonctions exécutives et sur celui de l’autorégulation des émotions (gestion des émotions), principales manifestations du TDAH.

D’ailleurs, le TDAH cumulé à l’autisme apporte des besoins qui peuvent être difficiles à concilier. Par exemple, pour éviter de se sentir ennuyé et perdre de la concentration, les personnes TDAH ressentent le besoin de vivre des sensations nouvelles. Elles vont donc chercher à vivre des expériences diverses, que ce soit en rencontrant de nouvelles personnes, en changeant de passe-temps ou en ne jouant jamais plus de deux semaines d’affilée au même jeu vidéo. En revanche, les personnes autistes préfèrent la routine et l’uniformité. C’est un besoin. L’uniformité et la routine permettent d’éviter les surcharges sensorielles et les effondrements autistiques. Ces besoins sont contradictoires, pourtant les personnes autistes et TDAH peuvent les avoir tous en même temps.


Aussi, le TDAH peut compenser les difficultés de l’autisme, et vice versa. Par exemple, l’impulsivité propre au TDAH peut aider une personne autiste à changer sa routine ou à dépasser une rigidité cognitive. D’autre part, la présence d’une routine stricte en autisme peut réduire les chances d’oublier ou de perdre des objets en raison de l’inattention. L’autisme peut être associé à la capacité de porter attention aux détails. Ainsi, la difficulté à porter attention aux détails du TDAH peut être compensée. Les détails que les personnes autistes observent sont différents de ceux des personnes non-autistes.

D’autre part, les personnes ayant un TDAH peuvent avoir des difficultés dans les domaines de la communication et des interactions sociales réciproques, symptômes du TSA. L’association du TDAH et du TSA a pour conséquence des difficultés beaucoup plus significatives par rapport aux personnes qui ont seulement un des deux troubles ; notamment, plus de difficultés d’apprentissage, de langage, de comportement, et plus de troubles psychiatriques, tels la dépression et l’anxiété.


Il est donc important d’être vigilant lorsque nous sommes dans une démarche diagnostique. Il est important d’être ouvert aux faits que certains comportements peuvent venir d’une condition autre que le TDAH. Il sera pareillement difficile de mettre en évidence les comportements dits stéréotypés ou répétitifs dans l'autisme car la personne sans déficience intellectuelle aura probablement appris à les dissimuler en public. Dans tous les cas, si vous vous reconnaissez dans ce trouble, demandez à votre médecin ce qu'il en pense et surtout s'il peut vous orienter vers un collègue qui pourra répondre à vos questions.

Outils

- Autisme et/ou TDAH ?, une traduction par DCaius qui est illustrée d’exemples de la vie courante

- La plateforme Autisme-Asperger-Québec (AAQc) qui se veut une plateforme informative et éducative

- Retour diagnostic de TDAH, témoignage d'April suite à son diagnostic de TDAH après celui d'autisme, 2 ans plus tôt


En conclusion

Les personnes ayant un TDAH vivent des situations similaires à celles des personnes autistes, et parfois elles sont même des personnes autistes. Si aucun de ces troubles n’est la fin du monde en lui-même, les deux peuvent compliquer la vie et c’est d’autant plus vrai pour les personnes qui les cumulent. Car le TDAH est très fréquent chez les personnes avec un autisme. Et on retrouve des traits de fonctionnement évoquant un syndrome d'autisme à haut niveau de fonctionnement (Asperger) chez les personnes avec un TDAH.


Pendant longtemps, les classifications ne permettaient pas de diagnostiquer les deux troubles en même temps. Quand on avait un autisme, on ne pouvait pas avoir un TDAH. Même si les choses ont changé, cette idée reste encore parfois ancrée.


Il n'est donc pas toujours aisé de s'y retrouver...


Et vous ?

TDAH et TSA : quelles sont vos plus grandes problématiques au quotidien ?

Quelles solutions avez-vous mis en place pour vous auto-réguler ?

Avez-vous demandé à faire des diagnostics complémentaires, afin de savoir si d'autres troubles sont associés ?

Posts à l'affiche
Posts Récents
Archives
Rechercher par Tags
Retrouvez-nous
  • Facebook Basic Square
  • Twitter Basic Square
  • Google+ Basic Square
bottom of page