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Les troubles associés au TSA, comment les diagnostiquer et les soigner

Dernière mise à jour : 21 sept. 2022


Les troubles de comportement, les troubles d’apprentissages, certains troubles somatiques,… Pour bien des soignants, tout était dû à l’autisme ! En caricaturant à peine, une personne autiste n’était jamais malade, tout venait de son autisme. Les progrès de la recherche, des apprentissages à la communication, et une évaluation plus concrète et efficace des troubles présentés par les personnes autistes a permis de mieux distinguer ce qui était caractéristique de l’autisme et ce qui appartient en fait à d’autres troubles ou maladies.


Les troubles pouvant être associés au TSA

Les pathologies associées appelées aussi comorbidités sont des pathologies secondaires souvent liées à l’autisme, c’est-à-dire que les personnes autistes sont particulièrement affectées par une ou plusieurs d’entre elles. Lors du diagnostic d’autisme, il est conseillé aux professionnels de systématiquement rechercher si des pathologies ne sont pas associées à l’autisme. Il arrive que le diagnostic d’autisme occulte les pathologies associées. Si elles ne sont pas décelées, un accompagnement adapté qui prend en compte l’ensemble des difficultés de la personne ne pourra pas être mis en place.

1- Les troubles psychiques

Contrairement aux idées reçues, l’autisme n’est pas une maladie mentale ou un trouble mental d’après le sens donné par le DSM-5, le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Le TSA est classifié au sein de la catégorie des troubles neurodéveloppementaux. Il est également erroné d’affirmer qu’il s’agit d’un handicap mental, qui qualifie à la fois une déficience intellectuelle (approche scientifique) et les conséquences qu’elle entraîne au quotidien (approche sociale et sociétale). En effet, 70 % des personnes avec un TSA n’ont pas de trouble du développement intellectuel associé selon la Haute Autorité de Santé (HAS). En revanche, il n’est pas exclu que l’autisme s’accompagne de problèmes psychiatriques tels que la dépression ou l’anxiété.


Troubles anxieux :

- Anxiété sociale (peur associée à certaines activités sociales ou à des situations de performance où la personne pourrait se sentir observée, embarrassée, humiliée, rejetée ou préoccupée par le jugement des autres)

- Trouble panique (crise d’angoisse généralement accompagnée de l'anxiété anticipatoire concernant la survenue de futures crises ou de modification du comportement visant à éviter les situations prédisposant aux attaques de panique)

- Trouble anxieux généralisé -TAG (regroupe plusieurs types de symptômes : une anxiété quasi permanente, des symptômes anxieux non spécifiques)

- Troubles phobiques (peurs intenses, déraisonnables et persistantes (appelées "phobies") de situations spécifiques, de circonstances ou bien d'objets spécifiques : claustrophobies, agoraphobie, ...)

- TOC - troubles obsessionnels compulsifs (se caractérisent à la fois par des obsessions, qui sont des pensées envahissantes qui génèrent peurs et angoisses, et des compulsions, comme une envie irrépressible de réaliser des gestes répétitifs).

Les troubles anxieux sont fréquents chez les enfants et les adultes autistes. Les symptômes sont susceptibles d'être affectés par l'âge, le niveau de fonctionnement cognitif, le degré de difficulté sociale, et en matière de TSA, de difficultés spécifiques. De nombreux troubles anxieux tels que le trouble d'anxiété sociale ne sont pas couramment diagnostiqués chez les personnes autistes, car de tels symptômes sont mieux expliquées par les TSA eux-mêmes. Il est souvent difficile de dire si des symptômes tels que la vérification compulsive font partie des TSA ou résultent d'un problème d'anxiété.

Troubles de l’humeur :

- Dépression, burnout, syndrome d’épuisement (le burnout peut s'aggraver en dépression, le syndrome d'épuisement professionnel provient de la rencontre entre un individu et une situation de travail inadaptée)

- Trouble bipolaire (anciennement appelé psychose maniaco-dépressive, est caractérisé par des variations de l’humeur disproportionnées dans leur durée et leur intensité). La présentation de la dépression dans les TSA peut dépendre du niveau de fonctionnement cognitif, avec une réduction du fonctionnement des enfants ayant plus de problèmes de comportement. La dépression se développe plus chez les personnes à haut niveau de fonctionnement et au cours de leur vie, quand ils développent une plus grande conscience de leurs différences avec les autres.

Troubles du comportement alimentaire :

- Anorexie mentale (restriction des apports alimentaires conduisant à une perte importante de poids, associée à un trouble de la perception de l'image de son corps et de soi)

- Boulimie (caractérisée par un rapport pathologique à la nourriture, se manifestant par des ingestions excessives d'aliments, de façon répétitive et durable). Les troubles de l’alimentation peuvent être précoces, dès la petite enfance. Ils peuvent se traduire par une difficulté de succion. Les personnes autistes sont également plus réticentes aux changements de textures : liquide/mouliné/solide. Beaucoup d’enfants et d’adultes autistes sont sélectifs dans leur choix de nourriture ou réticents à tester de nouveaux aliments. (Cf. Compte-rendu d'un webinaire sur ce sujet).


Troubles du sommeil

Toute perturbation de la durée ou de la qualité du sommeil. Les troubles du sommeil sont de trois sortes : insomnie (insuffisance de sommeil), hypersomnie (excès de sommeil), parasomnie (comportement anormal pendant le sommeil) ; par ailleurs, certains troubles du sommeil sont propres à l'enfant. Jusqu’à 70 % des personnes autistes présenteraient des problématiques de sommeil. Si non traités, de graves troubles du sommeil peuvent exacerber les comportements propres au TSA tels que l'automutilation.


Troubles psychotiques :

- Troubles délirants (caractérisé par une ou plusieurs croyances erronées auxquelles la personne se tient fermement, qui persistent pendant au moins 1 mois)

- Hallucinations (perception sensorielle sans présence d'un stimulus détectable : par exemple voir des objets physiquement absents, ou bien entendre des voix sans que personne ne parle).


Troubles addictifs :

- A une substance : alcool, héroïne, ecstasy, cannabis

- Au anxiolytiques : uniquement de type benzodiazépine (traitement de maximum 3 mois)

- A certains anti-douleurs : opiacés, morphiniques

- Addiction comportementale : jeux vidéos, jeux d’argent, sport, sexe, ...


Troubles somatoformes (ou somatomorphe)

Dans le DSM-5, la notion de « troubles somatoformes » a été remplacée par celle de « troubles à symptomatologie somatique et apparentés ». Il s'agit des troubles mentaux dont la caractéristique principale est la prééminence de symptômes physiques associés à une détresse et à un handicap significatif.


2- Les troubles neuro-développementaux et les psychothérapies

Les troubles neuro-développementaux se manifestent généralement lors de la petite enfance et avant l’entrée à l’école. Ils se caractérisent par un retard de développement et se traduisent par des atteintes cognitives, comportementales et sensorimotrices.

- Déficience intellectuelle (évaluation par les neuropsychologues et certains psychologues formés)

- TSA (évaluation par un psychiatre, neuropédiatre + bilans neuropsy, orthophoniste psychomotricien…)

- TDAH (évaluation par un psychiatre, psychologues, neuropsychologue)

- Troubles des apprentissages :

  • Dyscalculie (évaluation par un orthophoniste)

  • Dyspraxie (évaluation par un psychomotricien/ neuropsychologue)

  • Dysgraphie (évaluation par un psychomotricien/ orthophoniste)

  • Dyslexie (évaluation par un orthophoniste)

  • Dysorthographie (évaluation par un orthophoniste)

  • Dysphasie (évaluation par un orthophoniste/ neuropsychologue) …


Remarques concernant ces troubles associés :

- Difficulté à poser un diagnostic précis de TSA en présence de ces troubles associés. Il faudra parfois repousser un diagnostic (sans pour autant retarder des interventions éducatives liées aux retards de développement bien mis en évidence) pour être certain de la présence d’autisme.

- La déficience intellectuelle ne concerne que 30 % des cas de TSA. Historiquement, on l’estimait à 70 % mais l’élargissement des critères diagnostic d’autisme et l’amélioration des outils d’évaluation ont ramené à ce chiffre plus près de 30 %.

- L’épilepsie est présente chez environ 25 % des personnes autistes. Elle peut prendre 2 formes principales : l’épilepsie sévère avec avec « grand mal », parfois pharmaco-résistante et qui peut impacter le développement de l’enfant atteint, et l’épilepsie partielle plus difficile à détecter, qui ne se traduit que par des absences brèves (mais aussi des sensations très dérangeantes pour l’enfant) et répond généralement mieux aux traitements antiépileptiques.

- La prise en compte des autres troubles des apprentissages ou de l’attention est essentielle pour la qualité de l’accompagnement de la personne. Elle guidera mieux les programmes éducatifs pour compenser les effets de ces difficultés additionnelles. Les troubles « dys », notamment, affecteront les apprentissages fonctionnels ou académiques, en plus des spécificités cognitives de l’autisme (pensée sélective ou en détail,…). Le déficit d’attention avéré nécessitera éventuellement un traitement médicamenteux approprié.

- Les désordres de type anxiété, dépression, TOC sont d’une fréquence assez forte dans les TSA. Ils ne sont pas un trouble courant de l’autisme ni une de ses manifestations typiques, mais ils peuvent ponctuellement apparaitre, et sont d’abord le signe d’autres difficultés : programmes d’apprentissages ou de vie inadaptés, environnement insuffisamment structuré,… Mais ces troubles peuvent aussi, une fois évacués dans l’environnement de la personne, être dus à de véritables maladies psychiatriques et nécessiter une médication appropriée et temporaire.


Les différentes psychothérapies

Les troubles neuro-développementaux se manifestent généralement lors de la petite enfance et avant l’entrée à l’école. Ils se caractérisent par un retard de développement et se traduisent par des atteintes cognitives, comportementales et sensorimotrices. es, dépressions et troubles anxieux) qui partagent une approche selon laquelle la technique thérapeutique doit être fondée sur les connaissances issues de la psychologie scientifique. Les TCC ont pour particularité de s'attaquer aux difficultés du patient dans « l'ici et maintenant » par des exercices pratiques centrés sur les symptômes observables au travers du comportement et par l'accompagnement par le thérapeute qui vise à intervenir sur les processus mentaux dits aussi processus cognitifs, conscients ou non, considérés comme à l'origine des émotions et de leurs désordres. Elles sont particulièrement indiquées pour les troubles anxieux et la dépression.

- La Pleine Conscience : thérapie cognitive : TCBPC, traduction de Mindfulness-based cognitive therapy. La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience utilise des méthodes de la psychothérapie cognitivo-comportementale (TCC) et y ajoute une nouvelle technique appelée la « Pleine Conscience ». La technique de la Pleine Conscience se focalise sur le fait de devenir volontairement conscient de son corps, de ses émotions et de ses pensées en temps réel, au moment où elles apparaissent, en les accueillant, mais sans s'attacher ou s'identifier à elles et sans les repousser ni les juger.

- L’hypnose thérapeutique : un intérêt thérapeutique potentiel. L'hypnose est une thérapie composée de suggestions directes ou indirectes, de métaphores, de symboles. Cette technique permet à une personne d'entrer dans un état de conscience modifiée. Cet état second offre à la personne d'aller transformer sa façon de percevoir une situation et d'en modifier certaines perceptions comme la douleur ou la peur. L’hypnose thérapeutique est utilisée dans de nombreux contextes : améliorer la fonction immunitaire, augmenter la relaxation, diminuer le stress, soulager la douleur et l’anxiété.

- La psychanalyse : fondée par Sigmund Freud. Cette pratique psychothérapeutique vise à soulager les patients par l'exploration de leur inconscient afin de les aider à résoudre leurs difficultés psychologiques. C'est au travers d'une écoute attentive de la parole que le psychanalyste propose une interprétation et amène son patient à effectuer un travail sur lui-même. Les psychanalystes n'ont pas de diplôme reconnu officiellement mais beaucoup d'entre eux sont soit psychiatres, soit psychologues.

- Les thérapies spécifiques au TSA pour le trouble de la communication sociale : groupe d’entraînement aux habiletés sociales. Il existe différents types de psychothérapeutes. Il faut faire attention, seuls les psychologues et certains psychiatres font une psychothérapie. Bien se renseigner en choisissant son psychothérapeute. Il existe aussi des thérapies de régulation émotionnelle (expérimentation dédiée au TSA à Strasbourg). Voir le site Psycom : https://www.psycom.org/comprendre/le-retablissement/les-psychotherapies/


3- Les traitements médicamenteux

Dans le cas des :

- Troubles anxieux : anxiolytiques, antidépresseurs, antipsychotiques, bêtabloquant (non cardio-sélectif).

- Anxiété sociale : IRS inhibiteurs de la recapture de la sérotonine.

- Troubles de l’humeur : dans le cas de la dépression : antidépresseur (selon les molécules, l’efficacité, le dosage), parfois antipsychotique ou stabilisateur de l’humeur.

- Troubles du sommeil : mélatonine est conseillé pour l’endormissement. Et mélatonine à libération prolongée pour éviter les réveils nocturnes (dans les TSA minimum 3g). La mélatonine va induire un sommeil naturel contrairement aux anxiolytiques ou hypnotiques. Même si la mélatonine est une hormone naturelle, sa prise n'est pas sans effet secondaire et à fortes doses elle peut être néfaste sur le cerveau. Veillez à l'utiliser sur une courte durée et à respecter la posologie.

- Troubles digestifs : cure de probiotiques est conseillée dans le cas du TSA. Se renseigner auprès du pharmacien pour lui décrire la nature des troubles digestifs (car il existe différentes souches de bactéries en fonction du problème ciblé). Voir documentaire Arte « Le ventre le 2e cerveau » : https://youtu.be/kF7YTqzrx8A

Pour conclure

Nous avons tous une forme d’autisme différente. Mais nous sommes la plupart à avoir des symptômes ou troubles en plus, associés à l’autisme. Le plus généralement, on retrouve : une anxiété forte ou généralisée, beaucoup de stress, des troubles alimentaires, des somatisations et douleurs chroniques, des problèmes de sommeil, parfois des TOC, des difficultés de concentration (causées aussi quelques fois par un trouble de l’attention TDA ou TDAH).


Des symptômes plus envahissants et sévères peuvent également apparaître. Ils découlent souvent du manque de suivi médical ou psychologique, de connaissance du sujet de l’autisme, du rejet de l’entourage ou encore d’une mauvaise médication. On retrouve souvent l’isolement, la dépression, la fatigue extrême, les idées noires ou suicidaires, et parfois la prise de drogues, l’automutilation, et l’agressivité.


Et vous ?

Avez-vous bénéficié d'une prise en charge adaptée à vos troubles associés ?

Comment avez-vous vécu votre traitement thérapeutique ou médicamenteux ?

Avez-vous connaissance d'autres thérapies favorables aux troubles associés à l'autisme ?


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