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Formation professionnelle : le parcours du combattant pour les moins qualifiés et les plus fragiles

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Comment lever les contraintes d'accès à la formation professionnelle pour élargir l'accès à la formation professionnelle aux cibles prioritaires de la réforme que sont les seniors, les bénéficiaires du RSA, les moins qualifiés et les chômeurs ?

Les acteurs de la formation professionnelle sont nombreux, entreprises, régions, État, Pôle emploi. La caractéristique est que ce domaine est d’abord négocié et qu’une partie importante est gérée paritairement par les partenaires sociaux, de par leur légitimité pour ce qui concerne les salariés et les entreprises, qu’ils ont progressivement élargie aux jeunes et aux salariés fragilisés puis, à la demande de l’État, à une participation à la formation des chômeurs. Il y a un véritable déficit de communication concernant le droit à la formation professionnelle. En effet, 57 % des Français se considèrent mal informés sur la formation professionnelle selon une récente note publiée par l'Institut Montaigne. Ce droit est censé peser sur les épaules des employeurs mais les Pouvoirs publics semblent vouloir responsabiliser les travailleurs et les rendre acteurs de la gestion de leur parcours. Et c'est encore plus difficile pour les demandeurs d'emploi peu qualifiés avec un taux de chômage bien plus fort et une difficulté à en sortir. De plus, l’importance des dispositifs de formation en France, leur multiplicité, la complexité de l’édifice, si bien que beaucoup peinent à trouver l’information pertinente de ce qui existe et peut leur correspondre.

Emploi des seniors, quelles solutions ?

Les seniors, qu'ils soient salariés ou demandeurs d'emploi, connaissent de véritables difficultés d'accès à la formation : l'entreprise montre un véritable désintérêt à former les plus de 50 ans. Dès 40 ans, le salarié subit une "baisse continue" d'accès à la formation. Or, avec l'allongement de la durée des carrières, le gain social serait indéniable. L'objectif de maintien et de retour à l'emploi de ce public a été affirmé, et fait désormais partie des priorités gouvernementales. L'emploi des seniors fait l'objet d'une mobilisation importante de la part de l'Etat, des régions et des partenaires sociaux, à travers divers dispositifs (dont le plan 500 000 formations supplémentaires) visant à inciter les employeurs au maintien dans l'emploi ou à l'embauche de seniors, à prévenir la pénibilité, à améliorer l'accès des seniors à la formation, ou à encourager le prolongement de l'activité après l'âge légal de départ en retraite. Si l’emploi des seniors  s'est amélioré grâce à ces dispositifs cela s'est fait au prix d’une plus forte précarité. Le Rapport de Jean-Marc Borello se prononce en faveur d’un engagement civique de transmission des compétences pour les personnes volontaires de plus de 55 ou 57 ans, à l’instar du service civique pour 16-25 ans.

RSA, une charge financière qui étrangle les départements

80% des allocataires du RSA socle sont orientés vers des politiques d'insertion, en particulier dans l'emploi. En effet, 62% d'entre eux suivent des dispositifs d'insertion professionnelle, contre 38% des parcours sociaux. Mais les politiques d'insertion diffèrent entre les départements, et les taux aussi. Les collectivités ont du mal à assumer le poids du financement, le taux de prise en charge par l'État ayant chuté à moins de 60%. Le Plan d’investissement compétence (PIC) sera mis à contribution, à hauteur de 100 millions d’euros par an, dédiés au financement de formations, pour permettre aux bénéficiaires sortant du "Parcours emploi compétences" et de l’insertion par l’activité économique (IAE) de construire de véritables parcours professionnels. Il propose par ailleurs d’adjoindre une aide publique aux contrats de professionnalisation pour permettre l’accès à une professionnalisation accélérée. Cette nouvelle possibilité qui serait limitée au secteur non-marchand, impliquerait d'accroître l’accompagnement, notamment en amont, avec un bilan de positionnement renforcé, et une évaluation CLéA de remise à niveau pour l’obtention du diplôme visé. De plus, le rapport recommande la création d’un «fonds d’inclusion dans l’emploi», qui permettrait aux préfets de région de mobiliser les aides à l’accès ou au retour à l’emploi en fonction des réalités du terrain.

Plan de lutte contre le décrochage scolaire

Depuis la mise en œuvre du plan de lutte contre le décrochage scolaire, le nombre de d’élèves sortant chaque année du système éducatif sans qualification a baissé progressivement de 136 000 en 2013 à 98 000 à la rentrée scolaire 2016. La lutte contre les sorties sans qualification implique une procédure d’identification plus performante des jeunes en rupture de scolarité. Dans cette perspective, le Système interministériel d’échange d’informations (SIEI) évolue pour prendre en compte les jeunes en rupture de contrat d’apprentissage et apporter des améliorations fonctionnelles pour faciliter le suivi et l’accompagnement des jeunes par les acteurs des Plateformes d’appui et de suivi des décrocheurs (PSAD). Les réseaux « Formation Qualification Emploi » (Foquale) de l’Education nationale renforcent l’offre de formation (service civique alterné, clause sociale de formation, structures de retour à l’école, ...) proposée aux jeunes en situation de décrochage. Ils interviennent en complémentarité avec l’ensemble des PSAD, en particulier les acteurs chargés de l’insertion des jeunes et les entreprises. Il est nécessaire, par ailleurs, de renforcer la coordination entre tous ces acteurs intervenant dans le repérage et l’accompagnement des jeunes en situation de décrochage. Du droit au retour en formation aux lycées de la nouvelle chance en passant par le service militaire volontaire, des dispositifs existent pour permettre aux décrocheurs de raccrocher.

Formation des chômeurs de longue durée

Les régions, Pôle emploi financent l’essentiel des formations, de même qu’est utilisée une partie des dépenses formation des entreprises pour la formation et l’insertion des chômeurs par les contrats de professionnalisation jeunes et adultes et une partie (230 millions) des fonds du FPSPP (Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels).

Les régions et leurs bassins d'emploi ont longtemps été le point aveugle des réformes adoptées pour améliorer le fonctionnement du système de formation professionnelle. Alors même que les lois de décentralisation leur ont confié le soin d'organiser la formation des jeunes et des demandeurs d'emploi. Leur faible représentation dans l'espace national est dommageable tant la volonté de sécuriser les parcours d'emploi fait émerger les territoires comme un espace pertinent pour penser la formation et les transitions professionnelles des personnes faiblement qualifiées. C'est souvent à l'échelle du bassin d'emploi que se joue l'essentiel de leur mobilité professionnelle, et c'est donc à ce niveau que doivent se concevoir des formes renouvelées d'engagements en faveur de la formation en lien avec les branches professionnelles.

La formation des demandeurs d'emploi fait l'objet d'un regain d'intérêt de la part des pouvoirs publics. Pôle emploi se trouve investi d'un rôle majeur dans la mise en œuvre de l'action publique. D'un objectif initial du début des années 2000 centré sur la maîtrise des dépenses d'indemnisation, les politiques publiques se sont orientées depuis 2016 avec le plan « 500 000 formations supplémentaires ». Ce plan a permis de former 20 % des demandeurs d’emploi. Prévu seulement pour 2016, il a été prolongé par « 200 000 formations supplémentaires en 2017 ». Pour faire face à ces enjeux, Pôle emploi s'investit dans l'action en direction des employeurs pour améliorer la rencontre entre l'offre et la demande d'emploi. La mise en place de conseillers spécialisés dans la relation aux entreprises est mis en œuvre depuis 2016. Mais Pôle emploi est surtout amené à peser sur les exigences des employeurs (parfois excessives) ou à sensibiliser les recruteurs sur les conditions de travail et d'emploi insuffisamment attractives dans certains secteurs et entreprises. Mais est-ce cela le rôle central du Pôle emploi ? Quelle est la place de la formation dans la palette des instruments de lutte contre le chômage et de satisfaction des besoins de recrutement des employeurs, et dans quelles directions il paraît judicieux de l'orienter ?

Est-ce sous ces mêmes types de dispositifs que va servir la bagatelle de 15 milliards d'euros annoncée sur le quinquennat ? Avec l'objectif affiché par le gouvernement Macron de faire revenir 300 000 personnes vers l'emploi à l'horizon 2022. Près de 2 millions de personnes seraient potentiellement concernées par cette mesure. La mise en œuvre de nouveaux plans de lutte contre le chômage, à ces catégories fragilisées, interroge sur la conception de la formation professionnelle, dont la finalité première était d'élargir les zones d'employabilité des personnes tout au long de la vie.

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NB : Etude DARES sur la formation professionnelle des personnes en recherche d’emploi pour l’année 2015. https://www.alternance-professionnelle.fr/etude-dares-formation-professionnelle-demandeur-emploi

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