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Autisme : identité sexuelle, identité de genre et dysphorie de genre


Parmi les personnes qui ressentent une fluidité de leur identité de genre vis-à-vis de leur sexe de naissance, on trouve un pourcentage plus élevé d'autistes que dans la population globale. Cela est dû au fait que nous sommes moins sensibles aux normes sociales relatives à la sexualité et à l'identité sexuelle, ainsi qu'à une grande tolérance envers les personnes dites « différentes ».

Etudes sur l'identité et le genre

Une étude de Gilmour en 2012 rapporte que de nombreuses personnes avec TSA-SDI (sans déficience intellectuelle) ne voient pas leur identité de genre comme un trait pertinent pour le choix d'un partenaire sexuel. La population de l'enquête comprenait des adultes avec TSA intégrés à la population générale et un groupe témoin. Sur la base des réponses à l'échelle d'orientation sexuelle, les participants présentant un TSA se signalaient par des niveaux significativement plus faibles d'orientation et de comportements hétérosexuels, et des niveaux plus élevés d'intérêts et de désirs homosexuels par rapport au groupe témoin.Cette constatation était particulièrement marquée chez les femmes autistes. Une autre étude portant uniquement sur des sujets féminins et comparant des femmes avec et sans TSA, rapporte que les femmes avec TSA affichent un taux d'hétérosexualité plus faible (67,9 % contre 97,3 %), et des taux plus élevés de bisexualité (13,2 % contre 1,6 %) ou d'asexualité (17 % contre 0 %) que le groupe témoin. Outre l'intérêt intrinsèque de cette information, ces données permettent également de mieux comprendre la sexualité des femmes avec TSA. L'étude indique aussi qu'une proportion significative d'entre elles (53,7 %) avaient déclaré que, lorsqu'elles étaient enfants, elles étaient des « garçons manqués » alors que seulement 37,9 % des femmes du groupe contrôle se décrivaient comme telles. Cette information liée à des questions non directement liées à la sexualité suggère que les femmes avec TSA ont peut-être une identité sexuelle moins marquée. Quelques données suggèrent aussi que la nature de l'attirance sexuelle pourrait être différente chez les personnes sur le spectre. Il faut cependant rester prudent, car la plupart de ces études n'ont pas pris en compte d'autres variables susceptibles d'affecter la sexualité, telles que le pays d'origine, les antécédents religieux et le niveau d'éducation.


Plusieurs hypothèses ont été proposées pour expliquer les différents modes de séduction sexuelle dans le contexte d'un TSA. Une explication concerne le manque de connaissance des normes sexuelles et la présence d'une « cécité du genre » qui fait que, dans le choix d'un partenaire, les qualités individuelles de la personne sont plus décisives que son appartenance genrée. Le taux plus élevé d'asexualité pourrait aussi être associé à une baisse de la libido ou dû aux défis sociaux à relever dans la recherche d'un partenaire sexuel ou amoureux. Une autre hypothèse suggère encore qu'une exposition foetale aux androgènes, l'origine d'un comportement masculinisé, pourrait expliquer ce schéma chez les femmes autistes.


Enfin, une autre étude de 2016 menée par H. Bush (voir ci-dessous) explore de manière plus poussée le développement de l'identité sexuelle chez les personnes autistes. En particulier, Bush examine les données réunies sur les liens existants entre des symptômes du TSA comme la sensibilité sensorielle, la dépression, l'anxiété générale et l'anxiété sociale, et divers aspects de la sexualité : l'état matrimonial et les relations de couple, l'identité de genre, les antécédents sexuels, l'orientation sexuelle, le désir, l'exposition à une éducation à la sexualité, le comportement sexuel, la satisfaction, la victimisation sexuelle et la qualité de vie. Bush est ainsi amené à émettre une critique pertinente des recherches passées sur le développement de l'identité sexuelle, en suggérant que limiter l'analyse à partir d'un point de vue hétérosexuel conduit à ignorer la complexité des identités minoritaires, celles des lesbiennes, des gays, des bisexuels ou des transgenres, etc. Par conséquent, il met en garde contre toute généralisation.


Cette répartition en fonction des sexes m'agace depuis toujours. Les grands principes de la société ainsi que les stéréotypes culturels et religieux me posent problèmes. Pour moi, la répartition des rôles en fonction du sexe, c'est du grand n'importe quoi. La femme est généralement décrite comme inférieure à l'homme. Le patriarcat nous enferme dans un rôle socialement accepté. Cela sert à soumettre les femmes au bon vouloir de certains. S'il perdure, c'est non seulement parce que les personnes en position de pouvoir sont réticentes à renoncer à leurs privilèges, mais aussi parce qu'il sert comme fonction psychologique sur la femme. On dit que « la femme est l'égale de l'homme », pourtant c'est principalement sur elle que repose le fardeau du bonheur des autres.

Outils

- CRAIF, module de formation e-flap : Vie affective et sexuelle des personnes autistes

Dysphorie de genre

Par dysphorie de genre, on désigne la détresse due à la discordance entre l'identité de genre d'une personne et son sexe d'assignation à la naissance. Cependant, nous ne sommes pas seulement aux prises avec l'identité des sexes mais bien avec l'identité en général. Il semblerait que certaines d'entre-nous aient une personnalité qui varie en fonction de leur modèle actuel ou encore de leurs intérêts changeants. J'ai affiché cette fameuse nature de « caméléon » dont il est question chez les femmes autistes sans déficience intellectuelle. La perception de soi me concernant n'est en rien claire et ordinaire. Est-ce le résultat d'une soif de l'esprit de voir la vie sous différents angles, d'une insatisfaction d'être qui nous sommes ou d'une incapacité à savoir qui nous sommes vraiment ? J'ai toujours l'impression d'être ce vase vide qui doit être rempli d'expériences diverses qui m'aideraient à me façonner une identité. Il me semble que les gens qui traversent ma vie ont déjà une identité bien à eux et que, par conséquent, ils n'ont pas cet appétit d'apprendre par l'expérience.

Environ 22 % des femmes et 8 % des hommes avec TSA déclarent des sentiments non conformes par rapport à leur sexe biologique et leur orientation sexuelle. L'étude de Dewinter et coll. (voir ci-dessous) a révélé une prévalence plus élevée de l'identité de genre ambivalente chez les personnes autistes, et en particulier chez les femmes. Cette étude rapporte des niveaux relativement élevés d'attirance envers le même sexe, et/ou des personnes pour lesquelles l'identité sexuelle pourrait apparaitre comme ambigüe. Etudiant l'attirance sexuelle, d'autres auteurs ont également relevé dans la population générale une différence entre hommes et les femmes en constatant que les femmes sont, sur cette question, moins ambiguës, moins équivoques et plus authentiques que les hommes. La variabilité des comportements assortie à l'attirance sexuelle et à l'identité de genre semble être plus prononcée chez les femmes autistes que chez leurs pairs neurotypiques.


Les personnes identifiées « à haut potentiel » ou porteuses de troubles autistiques n'éprouvent pas les mêmes sensations sentimentales, émotionnelles ou corporelles que la majorité des gens. J'ai la conviction que chacun d'entre nous est doté d'une identité qui lui est propre et qui l'accompagnera toute sa vie, quels que soient les changements externes. En ce qui concerne l'identité et ce qui est perçu comme normal, tout ce qui constitue la société n'est que pure construction. Par exemple, notre société hypersexualisée a du mal à accepter la différence. Il ne faut pas oublier que dans l'histoire de l'humanité, la religion (quelle qu'elle soit) a détourné des millions de corps de la sexualité. Il ne faut pas perdre de vue que l'apprentissage du désir et du plaisir est très culturel et très genré : pendant des siècles, il fallait se méfier de ses pulsions, surtout de celles des femmes ! De nos jours, il me semble que le patriarcat est sérieusement (et heureusement) remis en question. Nous revenons à un besoin de classification, un peu extrême parfois : le mouvement identitaire des LGBTQIA+, qui ont besoin de se nommer le plus précisément possible pour obtenir des droits, et celui de décloisonnement des queers, qui revendiquent de pouvoir être tout à la fois, ou pas. Je m'en réjouis. Plus on avance vers la non-binarité, plus on gagne en fluidité. Et que ceux que ça inquiète, ils peuvent se tranquilliser car on ne pourra jamais aller plus loin que ce que l'anatomie et la biologie de nos corps nous autorisent.


Outils

- Etude de Dewinter et coll., extrait du « Journal of autism and developmental disorders », 2017 : Orientation sexuelle, identité de genre et relations amoureuses chez les adolescents et les adultes avec TSA

- Association pour la visibilité asexuelle : asexualite.org


Pour conclure

La plupart d'entre nous n'ont pas véritablement besoin de conseils en matière de répartition des rôles sexuels. De plus, on se sent ni pleinement masculin, ni pleinement féminin. Personnellement, je rejette la notion de deux sexes incompatibles. Notre anima/animus* semble plutôt bien équilibrée et c'est quelque chose dont nous pouvons être fiers. Si les enfants se moquent de vous, sachez que nous sommes tous passés par là et que les gamins qui se moquent de nous à l'école n'évoluent pas ; même mentalité quel que soit l'âge de la personne. Les gens qui savent qui ils sont ont de la chance d'une certaine manière, mais grandir relève moins du défi pour eux. Nous avons une telle soif de connaissance que notre personnalité finira par se développer à condition que nous n'y mettions pas de frein.


Et vous ?

Est-ce que le genre impacte l’autisme ?

Comment expliquez-vous l'émergence de toutes les nouvelles communautés autour de l'identité de genre et de la sexualité ? Faudrait-il dissocier la dysphorie de genre de l'autisme, et de la neuroatypie en général ?


* Petit lexique pour s'y retrouver :

Anima : image innée de la femme chez l'homme

Animus : image innée de l'homme chez la femme

Asexuel : qui ne ressent pas d'attirance sexuelle

Allosexuel : qui ressent de l'attirance sexuelle

Aromantique : qui n'éprouve pas de sentiment amoureux

Bisexuel : qui ressent de l'attirance sexuelle pour les femmes et les hommes

Demisexuel : qui n'est sexuellement attiré que par quelqu'un avec qui il existe un lien émotionnel fort

Hétérosexuel : qui ressent de l'attirance sexuelle pour le sexe opposé

Homosexuel : qui ressente de l'attirance sexuelle pour le même sexe que le sien

Pansexuel : qui ressent de l'attirance sexuelle pour les personnes sans distinction de genre

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