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CR sur des pair-aidances indépendantes

Extrait du webinaire du 18/11/2022 : Favoriser la pair-aidance professionnelle : mise en lumière des différentes pratiques professionnelles et recommandations



Cette journée était organisée par l’association Re-Pairs (Réseau romand des Pairs Praticiens en santé mentale). Des conférences, des témoignages et tables rondes donnent la parole aux pairs praticiens en santé mentale (PPSM) et à leurs employeurs, mais aussi répondent aux questions que peut susciter la pair-aidance professionnelle.

Plusieurs modèles de pair-aidants

Tout d'abord, avant de commencer le compte-rendu des témoignages, il est important de préciser que ce sont des associations d’usagers militantes qui ont lancé ce mouvement, que les pairs-aidants travaillant au sein de services hospitaliers n’ont pas vocation à être militants, à représenter les patients et/ou à les aider au niveau de leurs droits. Il faut ainsi bien distinguer l’engagement au sein d’associations d’usagers, et le travail au quotidien de pairs-aidants salariés, qui est beaucoup plus pragmatique et tourné vers l’aide au rétablissement des patients.

Les personnes qui aident peuvent avoir plusieurs noms : pair-aidant, pair-émulateur, travailleur-pair, médiateur-pair, expert d’usage… Si chaque terme présente certaines nuances, il y a toujours le principe d’un transfert d’expériences entre des personnes ayant un vécu semblable, comparable et l’idée de sortir d’un schéma d’assistance. La pair-aidance fait partie des leviers qui contribuent à faciliter, pour les personnes en situation de handicap ou malades, le pouvoir d’agir sur leur propre vie et la montée en autonomie.

De plus, il n’existe pas de diplôme spécifique, ni de profil type pour devenir pair-aidant. Beaucoup de pairs-aidants sont bénévoles. Quand ils sont salariés, ils peuvent l’être dans un établissement hospitalier public et peuvent l’être aussi via une association d'usagers indépendante. L'idée que cette fonction d’accompagnement et d’aide puisse être assumée par des personnes handicapées ou malades commence à peine à être envisagée. La légitimité des savoirs n’est donc plus seulement académique. Elle s’abreuve aussi aux savoirs expérientiels. Mais lorsque ces personnes sont rémunérées et intégrées dans des services de soins classiques, cela provoque encore des débats animés, notamment en France. Un des enjeux majeurs est de réussir l’intégration du pair-aidant dans une équipe composée de soignants professionnels (médecins, infirmiers, éducateurs…).


C'est pour cela que de plus en plus de pairs-aidants se sont professionnalisés et ont souhaité apporter de la légitimité à leurs savoirs expérientiels par un titre professionnel ou par un diplôme. En France, il existe plusieurs formations à la pratique de la pair-aidance. Des formations courtes sont proposées par :

  • Diplôme Universitaire (DU) de pair-aidance, Université Lyon 1, Lyon (lieu de formation : Lyon). Entrée de niv. Bac. En 2022, lors de la 4ème session, 250 candidats pour 13 places.

  • DU de pair-aidance, Université de Grenoble (lieu de formation : Grenoble) dont 40h d’ETP

  • DU « Pair-aidance croisée : théories et pratiques situées » (en janvier 2023), Université de Tours (lieu de formation : Tours)

  • Intervenant pair, ARIFTS (lieu de formation : Angers)

  • Travailleur-pair, Irtess (lieu de formation : Dijon)

D’autres formations courtes existent, plus centrées sur des compétences spécifiques relatives, notamment, au métier de pair-aidant :

  • DU soins de réhabilitation au service du rétablissement en santé mentale (lieu de formation : Nantes) dont 40h d’ETP

  • DU rétablissement en santé mentale : soins et accompagnement des précarités à l’inclusion sociale (lieu de Formation : Paris)

  • DU partenariat soignant patient – Université de Nantes (lieu de formation : Nantes)

  • DU pair-aidance dans la médiation en santé mentale (lieu de formation : Marseille)

  • Formation RESPAI (Réseau Expérience Soutien Pair-aidance) – Fédération des acteurs de la solidarité Bourgogne-Franche-Comté (lieu de formation : Chenôve), aucun prérequis n’est demandé pour cette formation non certifiante, de plus, elle est gratuite

  • Formation Intervenant Pair – APF France handicap et IRTS (lieux de formation : Bordeaux, Poitiers, Lot et Garonne)

A ma connaissance, une seule formation longue existe :

  • Licence pro science sanitaire et social mention médiateur santé-pairs, CCOMS et Université Bobigny-Paris 13, Paris (lieu de formation : Paris). Cette licence se déroule aussi depuis novembre 2022 à l’Université de Bordeaux.

Témoignages de pairs-aidants indépendants

Nicolas Christin, Cédric Godeke et Corinne Tillet-Olivet, témoignent de leur parcours de pair-aidant.e indépendant.e après avoir été membres du réseau Suisse « Re-pairs » qui œuvre pour la promotion, la diffusion, l’implantation et la reconnaissance de la profession de pair praticien en santé mentale. Encore précurseur en Suisse romande, les pairs praticiens en santé mentale, appelés aussi à l’étranger pairs-aidants sont pourtant des acteurs incontournables pour soutenir le rétablissement et même la réinsertion professionnelle des personnes atteintes dans leur santé mentale. Ils sont une réelle plus-value complémentaire aux professionnels du soin.

Les activités principales que ces trois pairs praticiens en santé mentale (PPSM) exercent en tant que PPSM indépendants : le soutien à l'insertion professionnelle et le rétablissement afin de pérenniser l'emploi, le coaching dans le contexte du quotidien.


- Concernant le coaching de soutien à l'insertion professionnelle, des actions ont été réalisées auprès de l'Assurance Invalidité et auprès des Centres ORIF(s). Les bénéfices ont été de servir d'exemple, de prévenir et révéler des difficultés spécifiques pour les différents intervenants, de traduire les explications données par les différents intervenants.


- Concernant le coaching dans le contexte du quotidien, les quelques actions réalisées l'ont été dans le soutien dans la (re)prise d'indépendance, dans l'animation de « Cafés 'REVIM' », dans l'animation de groupes d'entraide (Autisme suisse romande, CHUV, Actifs-GE, etc.). Les bénéfices se sont concentrés dans la stimulation de l'empowerment (sortir de l'isolement, soutenir la réinsertion sociale, favoriser l'autonomie...). Mais aussi, le pair praticien a pu aider les personnes accompagnées à s'orienter dans leur quotidien, les soutenir dans des projets et dans leur qualité de vie en valorisant les ressources personnelles et l'anticipation des périodes difficiles. Ces médiateurs (re)créent aussi le lien avec les professionnels du soin. Cela permet également des gestes plus naturels et porteurs de sens pour l'accompagnant.

Les trois pairs praticiens sont aussi intervenus pour faire de la sensibilisation en témoignant dans :

- un établissement d'enseignement secondaire,

- le Journal Diagonale et la revue Esprit(s),

- le Podcast Mad Pride 2022 et le Podcast Vacarme RTS,

- des vidéos « Pro Mente Sana » et « Guichet de la ville de Lausanne »,

- à travers diverses conférences en tant qu'auditeur libre.


La sensibilisation a pour but d'agir non pas conformément aux protocoles mais de répondre aux besoins des personnes accompagnées. Entendre ces pairs praticiens parler librement de leurs vécus permet d'oser parler de son propre vécu et se centrer sur les problèmes qu'on peut rencontrer.


Le mandat d'indépendant permet un roulement entre plusieurs pairs praticiens en santé mentale pour intervenir en tant que formateurs et experts (mandat d'expert) auprès de divers publics : Association Pro Mente Sana, Collège de Rétablissement Genevois, Collège de Rétablissement GREA, Foyer du Lys, Institut et Haute Ecole de la Santé - La Source, en milieu hospitalier (CHUV, HUG, Hôpital ophtalmique Jules Gonin). La combinaison du savoir expérientiel et du savoir théorique, en gardant comme objectif la philosophie du rétablissement, a permis d'augmenter le pouvoir d'agir des participants.


En tant qu'experts, ils ont apporté leur soutien lors de l'implantation de projets spécifiques tels que auprès :

- du COPIL : GREA, formation PPSM, Coraasp (Centre pair-aidance),

- de l'Institut et Haute Ecole de la Santé - La Source : le projet « Ici TSA », le Centre Espoir,

- de l'EPI Genève avec du coaching de team.


Cela leur a permis l'analyse de situations du point de vue des personnes concernées lors de l'implantation de projets et de changer d'approche quand une situation était bloquée.


Un PPSM indépendant apporte un regard extérieur d'une personne concernée lors de l'implantation de projets. Le fait d'exposer leurs parcours, cela fait avancer les connaissances et la recherche.Cela permet aussi de combiner le savoir expérientiel et le savoir théorique dans le cadre des formations.

Ils ont ensuite témoigné des avantages d'avoir suivi une formation diplômante ou certifiante de Pairs praticiens en santé mentale (PPSM) ou de Médiateur de santé pair (MSP). En premier lieu la formation permet d'avoir un recul face à son rétablissement et comprendre le processus « des chemins du rétablissement ». Deuxièmement, la formation permet d'acquérir les compétences professionnelles grâce à la découverte d'outils, en travaillant la posture de PPSM (auprès de la personne accompagnée et envers les mandataires), en endossant le rôle et de la fonction de pair-aidant ainsi que des enjeux juridiques de la pair-aidance (temps de pratique en stage de 120h00).

La question de la rémunération a été aussi abordée. En Suisse, les PPSM sollicités pour des missions ponctuelles gagnent :

  • Intervention ou conférence avec échange :180 à 250 CHF/heure

  • Co-animation d'un cours ou d'un atelier : 200 à 350 CHF/demi-journée

  • Co-animation d'un cours ou d'un atelier : 400 à 800 CHF/jour

  • Participation à des groupes de travail/comités : 40 à 50 CHF/heure

  • Consultation d'un pair praticien indépendant : 75 à 85 CHF/heure

Un principe : la rémunération doit être équitable par rapport à celle des autres professionnels. Mais on peut aussi se demander quelles sont les interventions spécifiques que les pairs-aidants peuvent proposer, fondées au moins en partie sur leur propre histoire de maladie et de rétablissement, que d’autres personnes ne partageant pas cette expérience ne seraient pas capables de proposer, ou du moins seraient nettement désavantagées pour atteindre le même résultat. Or, il s’agit là d’un champ où il reste encore beaucoup à découvrir et à apprendre, les dispositifs de pair-aidance n’étant qu’à leur balbutiement, notamment en France.

Les intervenants conseillent le livre Recommandations pratiques pour l'engagement de pair.e.s praticien.ne.s en santé mentale. Ces recommandations entendent soutenir les institutions désireuses d’implémenter le travail pair dans leur effort de préparation et favoriser le déploiement de bonnes pratiques.


Vous ne pouvez pas engager un PPSM ? Alors vous pouvez faire appel à un PPSM indépendant, soit : une Personne qui Propose une Solution sur Mesure !


Le replay de la journée du 18/11/2022 n'est pas encore disponible.

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