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TSA : combattre le burnout et la dépression


Les personnes autistes sans déficience intellectuelle ou présentant le "syndrome d'Asperger" sont particulièrement vulnérables face aux problèmes de santé mentale tels que le burnout et la dépression. En effet, un adolescent sur trois et deux adultes sur trois avec cette forme d'autisme ont été confrontés à un épisode dépressif sévère au cours de leur vie, si ce n'est plus. Les adultes sont davantage en proie à ses troubles que les adolescents dans la mesure où les raisons, pour lesquelles leur fonctionnement particulier les y mène, s'intensifient à l'âge adulte.


Connaître les raisons de ces troubles

Personnellement, il m'arrive de me retrouver lessivée sans raison apparente et sans signe avant-coureur. Je perds brutalement toute motivation, toute capacité à prendre des initiatives, à fournir des efforts. Toute charge de travail devient un fardeau, je suis épuisée, soucieuse de dormir, je ne suis plus réactive aux sollicitations, incapable de comprendre mon état d'épuisement. Une sorte de grand vague à l'âme qui succède souvent à une période de forte activité. Une recherche récente mentionne bien le burnout autistique, comme conséquence du camouflage social. Le camouflage chez les personnes autistes est une attitude, une façon d'être et d'agir qui consiste à cacher, masquer ses traits autistiques afin de se normaliser, de manière consciente ou inconsciente.

On observe fréquemment cette tendance « caméléon social » chez les femmes ayant des traits du spectre autistique, qui, plus souvent que les hommes, se donnent beaucoup de mal pour tenter de compenser leurs difficultés via un apprentissage intensif. En effet, des recherches ont montré que les problèmes de santé mentale ont tendance à être liés au degré de masquage auquel une personne se livre, plutôt qu'à la gravité de son autisme. Le fait de devoir constamment vérifier avec vous-même si vous agissez de manière appropriée et si vous êtes sur le point de dire ou de faire quelque chose de mal, crée une énorme pression et, par conséquent, de l'anxiété. De plus, le sentiment de se considérer comme bizarre dans le regard des autres, peut conduire à une faible estime de soi et à la dépression. Et enfin, ces stratégies de caméléon social sont extrêmement coûteuses en énergie et, si elles permettent la plupart du temps de donner le change, elles ont pour conséquence un prix à payer considérable en termes de fatigue et de stress. Cet épuisement génère des shutdown et des meltdown qui, s'ils sont récurrents, conduisent inévitablement à des états dépressifs.


De nombreuses femmes continuent à utiliser le camouflage comme stratégie d'adaptation jusqu'à ce qu'elles atteignent un point où le camouflage leur cause plus de difficultés qu'il n'est la solution à leurs problèmes. A mes dépends, j'ai compris que le fait de se juger négativement parce que je suis un peu différente de beaucoup d'autres personnes va bien au-delà de l'apprentissage de quelques compétences sociales (Cf. La communication sociale et les TSA). Cet état de fait mène souvent à la dépression, voire à la dépression sévère si la personne autiste ne reçoit pas de soutien suffisant. Sachez que la personne autiste est souvent la dernière à prendre conscience des signes de tristesse ou de dépression la concernant. C'est souvent l'entourage qui les pointe du doigt : « Tu m'as l'air particulièrement négatif et dur envers toi même aujourd'hui ! ». En raison de son incapacité à percevoir elle-même les signes avant-coureurs d'une dépression qui s'installe, la personne ne peut prendre aucune mesure permettant de la contrer. La personne n'a généralement pas les outils innés adéquats pour partager ce qu'elle ressent vraiment au moment où elle le ressent. C'est pour cette raison que les émotions rejaillissent souvent dans leur état extrême et sont exprimées sans grande précision ni subtilité. Rares sont les individus autistes qui sont capables d'exprimer leurs émotions de manière subtile et conventionnelle.


Dans le cas d'une dépression sévère et d'un profond désespoir, le suicide peut être considéré comme la seule solution qui permette de mettre un terme à sa souffrance. Les émotions extrêmement intenses et imprévisibles sont souvent associées à un trouble anxieux et se manifestent sous forme de crise d'angoisse. La montée d'angoisse est intense, soudaine, oppressante et Imprévisible. Les crises dépressives y ressemblent fort, en ce sens qu'il y a absence totale de signes annonciateurs. La personne est soudain en proie à un désespoir oppressant, réaction excessive suscitée par l'émotion face à une expérience négative sans grande conséquence. Cela peut s'expliquer par une accumulation de situations très contrariantes que la personne autiste n'est pas en mesure d'identifier sur le plan cognitif et que l'entourage n'a pas soupçonnées. Il peut suffire d'un simple événement, d'une petite contrariété pour que la pression accumulée pendant tout ce temps se libère. Si la personne parvient à résister à cette impulsion délétère ou si son attention se porte sur autre chose à ce moment précis, le profond désespoir finit par s'estomper. Il est intéressant de noter que l'équilibre est très vite restauré sur le plan émotionnel. C'est pour cela que s'abonner à ses intérêts spécifiques est non seulement agréable mis aussi très bénéfique pour faire le vide et se ressourcer.

Des études récentes indiquent que 66 % des adultes présentant le syndrome d'Asperger ont déjà eu des idées suicidaires alors que, dans la population générale, le taux s'élève à 16 %. Ces mêmes études montrent également que 35 % des adultes Asperger sont déjà passés à l'acte ou en ont eu la ferme intention. Il n'y a pas de chiffre officiel.

Outils :

- 5 signes imparables pour reconnaître la dépression https://youtu.be/yWMvYuk-vS0

- Les études sur le suicide chez les personnes autistes https://comprendrelautisme.com/le-suicide-chez-les-personnes-autistes/

Lutter contre le burnout et la dépression

Résister à cette grande fatigue annonciatrice d'un burnout est alors impossible car il est déjà trop tard. Mieux vaut patienter, attendre que cela passe, gérer l'essentiel et se reposer, prendre des congés si on le peut, se vider l'esprit - je sais qu'on ne le peut guère, mais faire le tri, supprimer nos contraintes, nos notes, nos obligations et attendre. Se contenter de la routine, se balader, procrastiner, même si d'habitude on fait tout pour l'éviter car trop tourné vers l'action. Bref, intérioriser, se détendre, savoir refuser une obligation sociale. Le corps réagit d'ailleurs à cet état de fait par des courbatures, une apathie générale, un fort besoin de dormir, d'être seule... Généralement, c'est avec une idée, une envie, un projet (un tout petit projet suffit) que l'énergie revient.

Il est capital de parler de cette sorte de burnout qu'une personne TSA peut vivre. Parce que l'entourage neurotypique n'a pas forcément les clés pour le comprendre, les risques d'incompréhension et de culpabilisation sont immenses. En effet, comment l'autre peut-il comprendre ce mutisme soudain, ce blues inexpliqué, sans facteurs apparents, comment ne peut-il pas penser qu'il est responsable de cette situation ? Sans clé de lecture, l'autre ne sait pas déchiffrer cette situation dont il peut se croire la cause alors que ce n'est pas le cas. Le problème, c'est que la personne autiste ne sait pas l'expliquer non plus. Dès lors, le doute peut s'installer, la mésentente peut devenir totale, la méfiance prendre le pas sur la complicité. Alors comment faire ?

Il est nécessaire, notamment lorsque la situation perdure, de faire l'effort de s'interroger. Chercher à mettre des mots sur ce malaise et ce n'est pas simple car souvent, il n'y a pas de cause précise. En l'absence de cause, il faut au moins décrire ce que l'on ressent, ce que l'on veut... ou pas. Bref, se forcer à décrire son mal-être sans chercher à le justifier mais simplement le décrire. La seconde étape est de le dire à son entourage dont l'on sait qu'il aura des difficultés à comprendre. Il faut pour cela choisir le bon moment, retenir son attention, lui demander de privilégier un moment de calme, à deux, en profiter pour se retrouver ! Raconter, dire les choses même si elles n'ont pas de sens. L'important est moins de se justifier (il n'y a pas de raison de se justifier), que de rassurer l'autre en disant que cela passera et surtout de le déculpabiliser. Si vous êtes seule, verbalisez quand même, ne serait-ce que pour découvrir que la cause apparente du trouble n'est pas la bonne, que le facteur déclenchant auquel vous pensiez n'est qu'un alibi. Que la personne soit confrontée à une immense tristesse, à un épisode dépressif majeur, sa vie et celle de ceux qui l'aiment et la soutiennent s'en trouveront aussi forcément affectées. Concrètement, la personne dépressive trouve difficilement le courage d'assister aux cours, aussi bien au collège qu'au lycée ou à l'université. Elle a du mal à trouver un emploi et à le conserver. Enfin, elle n'est que peu disponible pour ses amis, son conjoint ou ses enfants.

Il est cependant important de comprendre que la dépression peut être traitée avec succès, et ce, quelle qu'en soit la forme. Dans un premier temps, il convient d'identifier puis d'évaluer les symptômes de la dépression. Une fois l'intensité de la dépression connue, on peut alors apporter des réponses et des traitements adaptés en fonction de sa sévérité. Remplissez le questionnaire suivant, le test HAD (Hospital Anxiety and Depression scale) afin d'évaluer le degré de votre dépression et d'anxiété. Cela permettra de déterminer l'intensité de la dépression à laquelle vous êtes confronté à l'heure actuelle.


  • Votre humeur est au plus bas et la dépression est légère : le programme de Tony Attwood, présenté dans le livre proposé ci-contre, vous aidera à atténuer la dépression, si possible avec le soutien d'un psychologue, d'un tuteur, d'un conseiller, d'un ami, d'un membre de votre famille ou de votre conjoint.

  • La dépression est modérée : prenez rendez-vous avec votre médecin afin de comprendre quelles pourraient être les causes personnelles ou médicales de votre état. Il arrive que l'on manque d'énergie ou que l'on se sente triste pour raisons médicales. Le médecin prescrira des analyses pour juger du bon fonctionnement de votre système endocrinien et immunitaire et vous exposera les diverses options thérapeutiques envisageables, telles que l'évaluation et la thérapie réalisées par un psychologue clinicien, la prescription d'antidépresseurs.

  • La dépression est sévère : il est urgent que vous consultiez votre médecin afin qu'il vous oriente vers un psychiatre le plus proche, spécialisé dans le TSA de préférence, surtout si vous avez des idées suicidaires.

Outils :

- En complément de l’aide médicale, vous pouvez contacter les associations qui proposent un soutien aux personnes déprimées ou confrontées à des idées de suicide. Tous ces services d’écoute sont anonymes et gratuits mais accessibles uniquement par téléphone https://www.ameli.fr/assure/sante/urgence/pathologies/crise-suicidaire-tentative-suicide

- Un nouveau numéro national de prévention du suicide : le 3114. Gratuit, accessible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, depuis tout le territoire national, ce numéro permet d'apporter une réponse immédiate aux personnes en détresse psychique et à risque suicidaire.


Comprendre et gérer son propre fonctionnement

En apprendre le plus possible sur l'autisme et identifier les façons dont vous avez tendance à fonctionner et à vous camoufler (et l'impact que le camouflage a sur vous) est la première étape pour être capable d'éviter d'avoir des troubles de santé mentale.


Pour faire les premiers pas vers l'authenticité, il faut prendre contact avec qui vous êtes et avec ce dont vous avez besoin et ce que vous voulez dans la vie. Lorsque vous avez passé votre vie à être tout pour tout le monde, cela peut être particulièrement difficile. C'est une tâche difficile pour chaque personne quelle qu'elle soit et particulièrement difficile pour quelqu'un qui part d'un point différent de celui de la plupart des gens : le point d'être neurodiversifié dans un monde neurotypique.


N'oubliez pas cet adage : « Il n’y a pas de bonheur plus simple que d’être strictement soi ». Cette approche est un véritable antidote à la sur-adaptation, au camouflage social dont le summum est la dépression.


Et vous ?

Avez-vous vécu un épisode de burnout, voire une dépression ?

Comment avez-vous fait pour lutter contre ses maladies mentales ?

Qu'elles ont été les aides psychothérapiques et médicamenteuses ? Ont-elles été adaptées à vos particularités autistiques ?

Pour aller plus loin :

- Le burnout autistique : définition, caractéristiques et impact https://comprendrelautisme.com/le-burnout-autistique-definition-caracteristiques-et-impact/

- AutisticBurnout : une définition de l’épuisement autistique par des autistes experts de leur expérience vécue https://femmesautistesfrancophones.com/2022/01/14/epuisement-autistique/

- Le burnout chez les autistes Asperger https://youtu.be/MLyQD8qjjkY

- Qu'est ce que le burnout autistique (en image) ?


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